Julien Migozzi soutient sa thèse

Julien Migozzi soutient sa thèse

Thèse co-dirigée par Myriam Houssay-Holzschuch, Professeure à l'Université Grenoble Alpes, et Renaud le Goix, Professeur à l’Université de Paris.

 

Sujet de thèse : Une ville à vendre. Numérisation et financiarisation du marché du logement au Cap : stratification et ségrégation de la métropole émergente

 

Composition du jury :

Sophie DE RUFFRAY, Professeure, Université de Rouen - Examinatrice ;

Gabriel FAUVEAUD, Professeur adjoint, Université de Montréal  - Rapporteur ;
Desiree FIELDS, Professeure associée, University of California, Berkeley - Examinatrice ;
Myriam HOUSSAY-HOLZSCHUCH, Professeure, Université Grenoble Alpes - Co-directrice ;
Marianne MORANGE, Professeure, Institut National des Langues et Civilisations Orientales - Rapporteure ;
Renaud LE GOIX,  Professeur, Université de  Paris - Co-directeur.

 

Résumé : 

Cette thèse porte sur la numérisation et la financiarisation du marché du logement dans la métropole émergente du Cap, en Afrique du Sud. M'inscrivant dans les champs croisés de la sociologie économique et de la géographie urbaine, j'étudie dans un même mouvement les structures actorielles et institutionnelles du marché immobilier au Cap, ainsi que ses conséquences sur les mécanismes de stratification sociale et sur les formes et processus de la division sociale de l'espace dans une métropole émergente. À cet effet, je mobilise une méthode mixte fondée sur l'intégration des approches qualitatives et quantitatives, qui associe une enquête de terrain de 18 mois menée auprès des acteurs du marché (agents, promoteurs, courtiers en crédit, banquiers, investisseurs, ménages), reposant sur les méthodes de l'entretien et de l'observation participante, avec l'analyse spatiale et statistique d'une base de données de 900 000 transactions.

 

Le marché du logement a été reconfiguré comme un flux continu de données par le déploiement de plateformes numériques et par la construction progressive du logement en actif financier, aussi bien sur le marché de l'acquisition que sur le locatif, tout en retraçant l'évolution spatiale des prix et du crédit dans l'espace urbain. Le marché génère ainsi deux mécanismes de filtrage qui recomposent les structures de l'espace social et urbain : i) l'abordabilité du logement déterminée par l'inégale distribution spatiale des prix et celle, sociale, des revenus et du patrimoine, dans un marché caractérisé par des pratiques de prêt socialement et racialement sélectives ; ii) les technologies du credit scoring, qui permettent la classification automatisée des citoyens sud-africains par un filet informationnel d'une sophistication et d'une ampleur inédites. Les banques et les corporate landlords, qui ont récemment investi le marché locatif en pleine résurgence du fait de l'inflation immobilière, utilisent les plateformes du scoring pour sélectionner les demandes de prêts et les locataires, dans une société urbaine caractérisée par l'endettement et le maintien d'une forte ségrégation raciale. Le marché du logement se définit ainsi comme une économie spatiale de la classification, où les individus, les logements et les quartiers sont évalués et catégorisés selon des indicateurs et métriques de mesure de profit et de gestion du risque. La distribution spatiale et sociale du crédit constitue un facteur primordial pour comprendre l'évolution des inégalités, des mécanismes ségrégatifs et des structures résidentielles de la métropole sud-africaine, en sortant du référentiel du "post-apartheid". Afin de penser la stratification depuis le marché, je propose de définir la classe moyenne comme une classe filtrée et de comprendre l'émergence métropolitaine comme une mise en ordre de l'urbain par des agencements de marché numérisés et financiarisés, qui renouvellent les logiques de classe, de ségrégation et de production de l'espace urbain.

 

La soutenance aura lieu vendredi 9 octobre à 16h dans l’Amphithéâtre 5C, à la Halle aux Farines du campus de Paris Diderot (10 Rue Françoise Dolto, 75013 Paris).  Masques et gel seront mis à disposition à l'entrée, et le public sera invité à occuper un siège sur deux. Le public autorisé étant restreint à 60 personnes, je vous serai reconnaissant de bien vouloir m'indiquer votre présence éventuelle en renseignant le petit formulaire au lien suivant.

 



Chercheur.e.s impliqué.e.s : 

Ouvert à tous