Intervenant : Renaud Epstein (Sciences Po Saint-Germain-en-Laye). Séance animée par Marine Bourgeois et Hélène Caune.
Résumé :
Les trophées, labels et autres titres de « capitale de… » par lesquels l’Union Européenne ou l’Etat distingue des villes jugées exceptionnelles ou exemplaires se multiplient depuis le début des années 2000. L’essor de ces instruments symboliques s'est accompagné d'une extension de leur déploiement bien au-delà des secteurs de l’agro-alimentaire, du tourisme et du patrimoine dans lesquels ils sont longtemps restés cantonnés et, simultanément, d’une évolution de l’objet visé par ces distinctions. Celles-ci ne portent plus sur les produits des terroirs et les aménités territoriales mais sur l’action publique locale et la gouvernance urbaine. Le recours à ces instruments qui incitent les villes à faire la preuve de leur exemplarité est particulièrement marqué dans les domaines émergents de l’action publique, marqués par une faible formalisation des problèmes et des solutions, ainsi que par une distribution incertaine des responsabilités entre diverses institutions et professions, ainsi que par des budgets limités. L’extension du domaine de la labellisation territoriale soulève de nombreuses interrogations : quels sont les acteurs impliqués et les mécanismes à l’œuvre dans la création et l’attribution des distinctions territoriales ? Quels sont les effets locaux -et qui sont les bénéficiaires- de la reconnaissance nationale ou européenne ? Quel est le rôle joué par ces instruments incitatifs dans la construction et la mise en circulation des politiques publiques ?
Renaud Epstein est professeur de sociologie à Sciences Po Saint-Germain-en-Laye. Spécialiste de la politique de la ville, ses travaux portent plus largement sur la gouvernance urbaine et les politiques territoriales. Ses recherches récentes sur les trophées et labels territoriaux viennent prolonger ses travaux antérieurs sur la rénovation urbaine, dans lesquels il analysait les recompositions des relations entre pouvoir central et pouvoirs locaux en termes de « gouvernement à distance ». Il a notamment publié La rénovation urbaine : Démolition-reconstruction de l’Etat (Presses de Sciences Po, 2013) et On est bien arrivés. Un tour de France des grands ensembles (Le Nouvel Attila, 2022).
