MAJ : retrouvez l'interview (p1 & p2) de Simon Springer sur Libération.
Devenons beaux nous mêmes et que notre vie soit belle ! Élisée Reclus
L'anarchisme est un beau moteur. En tant que pratique politique, elle nous permet d'embrasser notre capacité de vivre ensemble et de faire pour nous-mêmes ce que nous laisserions autrement à l'autorité. La force ne réside pas dans le rêve possible, mais dans l'illumination de la beauté puissante que nous représentons collectivement. L'anarchisme insiste sur le développement de nouvelles relations avec notre monde et, surtout, entre nous. Reconnaître un tel lien implique une géographie relationnelle comme une prise de conscience esthétique, que nous sommes tous importants, que nous faisons tous partie de la beauté de l'immanence. Dans cette reconnaissance de notre capacité pour le beau, vient la semence de quelque chose de nouveau, nourri par les possibilités de notre désir d'un monde meilleur. Une géographie relationnelle est donc une façon d'essayer de donner un sens à un monde infiniment complexe et en constante évolution. Le récent réengagement de la géographie dans l'anarchisme nous rapproche de la possibilité de secouer les chaînes qui nous entravent aux idées étatistes, capitalistes, racistes, sexistes et impérialistes en soutenant que notre plus grande ressource est nos liens les uns avec les autres. Dans la notion de " géographie universelle " d'Élisée Reclus, géographe anarchiste, nous voyons une itération précoce d'une telle politique du possible, qui considère la connexion, ou la relationnalité, comme son impulsion. Pour Reclus, tous les gens devraient partager la Terre comme des frères et sœurs en élargissant notre cercle d'empathie et en réorganisant les paysages de pouvoir par le biais de liens de solidarité renforcés.
Bio du conférencier
Simon Springer rejoindra l'Université de Newcastle, en Australie, en tant que professeur de géographie humaine en septembre prochain. Il assumera le rôle de responsable de discipline pour la géographie et les études environnementales, et directeur du Centre d'études urbaines et régionales. Il est actuellement basé à l'Université de Victoria, au Canada. Son programme de recherche explore les exclusions sociales et politiques que le néolibéralisme a engendré, en particulier au Cambodge post-transition, où il met l'accent sur les géographies de la violence et du pouvoir. Il cultive une approche théorique avant-gardiste en mettant au premier plan à la fois la critique poststructuraliste et une renaissance radicale de la philosophie anarchiste. Les livres de Simon comprennent : The Anarchist Roots of Geography : Towards Spatial Emancipation (University of Minnesota Press, 2016), The Discourse of Neoliberalism : Anatomy of a Powerful Idea (Rowman & Littlefield), Violent Neoliberalism : Development, Discourse and Dispossession in Cambodia (Palgrave Macmillan), and Cambodia's Neoliberal Order : Violence, Authoritarianism, and the Contestation of Public Space (Routledge). Ses livres édités comprennent The Handbook of Neoliberalism (Routledge), The Handbook of Contemporary Cambodia (Routledge) et la trilogie Anarchism, Geography and the Spirit of Revolt (Rowman & Littlefield). Il est rédacteur en chef de ACME : An International Journal for Critical Geographies et coéditeur de la série Transforming Capitalism publiée par Rowman & Littlefield.
Conférence en anglais