Sujet : L'Arctique comme enjeu de coopération internationale
JURY :
FRANCK PETITEVILLE, Professeur des Universités, Communauté Université Grenoble Alpes Directeur de thèse
ANNE-LAURE AMILHAT SZARY, Professeur des Universités, Université Grenoble-Alpes Examinateur
ALAIN FAURE, Directeur de Recherche, Sciences Po Grenoble, Examinateur
ALBANE GESLIN, Professeur des Universités, Sciences Po Aix, Rapporteur
CECILE PELAUDEIX, Associate Professor, Université d’Aarhus, Examinateur
FREDERIC RAMEL, Professeur des Universités, Sciences Po Paris, Rapporteur
Résumé :
Au sortir de la guerre froide, l’Arctique devient une région de coopération potentielle, principalement du fait du changement climatique et des perspectives économiques. Néanmoins, la région reste exposée à un danger de conflits, comme le souligne une part de la littérature. La multiplicité des acteurs et des sujets traités explique en partie que la coopération arctique revêt un intérêt particulier dans le monde. Cette situation n’a pourtant pas conduit à l’adoption d’un traité régional unique ou à l’institution d’une organisation internationale régionale pour gérer les problématiques en présence. Dès lors, cette thèse s’interroge sur la réalité et la signification de la coopération arctique régionale. La littérature sur l’Arctique est représentative de la multiplicité des domaines de coopération, mais semble aussi traduire une certaine fragmentation de la coopération arctique. Pour répondre à cette problématique, la thèse privilégie une approche générale pour saisir de façon pertinente les dynamiques de coopération qui sont présentes dans la région. L’analyse de la coopération régionale arctique (sa structure, ses acteurs, la manière de coopérer, l’imbrication des différents domaines, le rapport avec le monde extra-arctique, etc.) révèle qu’elle est la résultante de deux processus contraires – la régionalisation/le régionalisme et l’internationalisation. L’enseignement principal de cette thèse est qu’une coopération arctique régionale unique n’existe pas d’une perspective générale. La coopération arctique démontre un potentiel de coopération élevé au niveau de la région qui s’exprime à travers une coopération multiniveaux, hybride et hétérogène. Elle est multidimensionnelle. Si elle repose sur des formes de coopération classiques, elle les utilise selon les besoins des acteurs. La coopération arctique tient en effet compte des spécificités arctiques et traduit une capacité d’adaptation basée sur le pragmatisme et la flexibilité. Elle est une coopération à géométrie variable et induit une coopération à plusieurs vitesses. Les éléments constitutifs de la coopération arctique au niveau régional se traduisent par un ordre arctique identifiable avec des acteurs, des institutions arctiques régionales propres, ainsi que des problématiques partagées. Cet ordre arctique est renforcé par des éléments de socialisation. La dimension symbolique doit aussi être soulignée comme élément constitutif du renforcement du caractère régional de cette coopération. La coopération arctique est cependant dépendante du cadre international. Elle est ancrée dans la coopération internationale et subit aussi l’impact des facteurs exogènes. Les acteurs non arctiques en sont également une composante démontrée. La coopération arctique repose de plus sur une coopération qui peut avoir lieu en dehors du cadre strict de la région. Elle est ainsi une coopération dans la région, mais également une coopération pour la région. Enfin, la coopération arctique démontre la centralité des Etats arctiques et surtout des Etats riverains de l’océan Arctique, mais aussi l’influence grandissante des acteurs non étatiques dans cette région.