Thèse dirigée par Marcus Zepf, professeur, UPEC, EUP
Sujet de thèse : Territoires de conflits. Le droit à la ville au Liban entre développement équilibré et déséquilibre spatial
Composition du jury :
Christine Mady, Professeure Rapporteure, Aalto University
Éric Verdeil, Professeur, Examinateur, Sciences Po Paris
Jean-Michel Roux, Professeur, UGA, IUGA
Liliane Perrin, Professeure émerite, UGA, IUGA
Marcus Zepf, Professeur, Directeur, UPEC, EUP
Taoufik Souami, Professeur, Rapporteur, UGE, EUP
Résumé :
L’évolution historique du Liban se manifeste par une mouvance continue de ses frontières internationales reconnues ainsi que des limites intérieures entre les différentes communautés confessionnelles. Ces dernières arrivent parfois à consolider leurs territoires et à valoriser leurs ressources en dépit des autres communautés, ce qui provoque un déséquilibre spatial. Afin de redresser cette situation, L’État essaye de développer l’ensemble du pays d’une manière égale et équilibrée. Cette stratégie ne fonctionna pas, laissant le territoire libanais en proie à l’injustice spatiale entre les différentes communautés. Ce constat nous emmène à questionner si l’appartenance religieuse est le point d’accès au territoire.
Dans ce sens, la thèse porte sur le droit à la ville au Liban comme moyen de lecture, d’analyse et de référence pour déchiffrer le territoire et comprendre les stratégies des différentes communautés confessionnelles quant à exclure ou au contraire inclure les autres communautés du même territoire. Alors, il devient intéressant d’étudier des territoires qui se complètent géographiquement, socialement et politiquement. Ainsi, après une lecture territoriale du Liban, deux études de cas ont été sélectionnées : Tripoli – Zgharta et Saida – Jezzine.
Pour cela, une méthodologie basée sur des observations, des entretiens, des ateliers collectifs nous a permis de construire un outil d’analyse pour remédier aux défis de collectes de données sur le terrain qui se résument en un manque d’informations traitables, et difficilement quantifiables.
On observe quatre thématiques essentielles qui dynamisent les rapports entre les communautés confessionnelles dans leurs revendications. Le premier point explore les rapports de force entre les territoires et la répartition inégale des équipements et des ressources. Cette ingéniosité territoriale fait d’un territoire un lieu de transit tout en transformant le second comme polarité d’attraction, rendant ainsi le territoire polycentrique – deuxième point. Ce polycentrisme est social, se manifestant alors démographiquement – troisième point – ou bien politique qui contribue à consolider le quatrième point, la gouvernance oligarchique déjà en place.
Nous remarquerons que la question religieuse est un des critères d’accès au territoire mais ne monopolise pas l’ensemble des décisions des acteurs territoriaux, laissant ainsi place à des possibilités largement ouvertes qui dépendent des politiques conduites, des capacités à innover ou à renouveler la valorisation des atouts préexistants, de l’inventivité de ses ressources humaines et de la qualité de sa gouvernance territoriale.
Mots clés : Déséquilibre spatial, développement équilibré, Liban, frontière, hétérotopie, injustice spatiale, droit à la ville, conflit.