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Retour d’expériences sur une enquête audiovisuelle mêlant volcanisme géologique et socio-politique à Fogo, au Cap-Vert
Cette présentation a pour objectif de revenir sur le recueil de données audiovisuelles ainsi que l’écriture et la diffusion des films tels que pratiqués dans le cadre d’une recherche en géographie réalisée au Cap-Vert, à Chã das Caldeiras, petit village situé dans la caldera effondrée du volcan actif de Fogo, au pied du Pico de Fogo, point culminant de l’île éponyme. La succession de plusieurs éruptions volcaniques, avec trois évènements ayant directement touché ce village depuis sa création en 1917, et le statut de la terre dans cet espace – qui demeure officiellement la propriété de l’État– font du cas capverdien un exemple original pour analyser les oppositions entre stratégies formelles et informelles, publiques et privées, internes et externes.
Les films produits se servent du volcanisme géologique comme métaphore du volcanisme social et émotionnel, qui habite les habitants de Chã das Caldeiras, dans un positionnement de recherche radical refoulant l’aléa naturel au second plan, mis en balance par rapport aux aléas sociétaux. Entre le volcanisme au sens propre et le volcanisme symbolique (socio-politique) à Fogo. L’apport d’un regard filmique au cours d’une recherche géographique effectué sur le temps long, permet de révéler les forces en présence et d’explorer les raisons structurelles de domination, l’enjeu étant la valorisation de la puissance d’agir de ceux qui sont privés de pouvoir, via le renforcement du pouvoir de parole, entendu comme les capacités de dire et de se dire des exclus, des invisibles et des sans-voix (Le Blanc, 2011).
Floriane Chouraqui est docteure en géographie et réalisatrice, avec une formation universitaire articulant géographie et anthropologie visuelle. Depuis septembre 2019, elle exerce la fonction d’ingénieure d’étude dans le cadre du programme FEDER-POIA CoRESTART et ce titre membre du laboratoire EVS (Environnement Ville Société) et de l’Université Lyon 3 – Jean Moulin, et donne également des cours dans deux universités (Lyon 3 et Paris 1).
Ses recherches ont pour caractéristique d’explorer les liens étroits entre risques et développement sociétal. Ils adoptent une démarche globale, multiscalaire et diachronique en prenant en compte les facteurs physiques et humains liés aux menaces ainsi que les processus de construction de la vulnérabilité sous l’angle des contraintes quotidiennes socio-économiques et des choix politiques de développement et d’aménagement. Mobiliser le film apparaît comme un choix scientifique à part entière, qui permet, du moins en partie, de s’affranchir des codes de l’écriture scientifique classique afin de donner à entendre, à sentir, un vécu de l'espace. Le choix cinématographique se trouve au centre de sa démarche géographique, au niveau conceptuel, mais aussi pratique, avec l’élaboration d’une méthodologie filmique abordée sur trois axes :
- premièrement, la recherche filmique par le documentaire,
- deuxièmement la recherche filmique participative
- et enfin, la mise en place d’un dialogue entre les différents acteurs du territoire autour des productions réalisées et l’analyse de ces échanges.
Ses films font donc partie intégrante dans son travail de recherche, à la fois comme outil d’enquête, de traitement, de diffusion, de restitution et de partage des savoirs. A ce titre, elle s’attache à développer une approche critique et réflexive sur sa pratique. En plus de son utilisation du film dans la recherche, elle forme également des étudiants géographes aux outils audiovisuels dans le cadre de TD dédiés à la formation vidéo. Dès que cela est possible, même lorsqu’il ne s’agit pas de TD spécifiques aux outils audiovisuels, elle inclue dans ces enseignements une réflexion sur l’utilisation des méthodes d’enquête filmiques et une sensibilisation à l’analyse critique des documents (audio)visuels.