Le colloque s’organise autour de trois axes : sens et nature du développement rural à l’heure de l’anthropocène ; modalités et actions du développement rural au-delà des collectivités et de l’ingénierie ; les relations recherche-développement local, chacun permettant d’aborder toutes les thématiques des études rurales (des inégalités socio-économiques au foncier, en passant par les pratiques quotidiennes ou les activités productives).
- Le développement rural connaît une évolution rapide de ses thématiques, avec l’émergence affirmée depuis le milieu/fin des années 2010 de l’alimentation, de l’énergie, des mobilités ou de la forêt comme des enjeux propres. Par rapport aux thématiques plus traditionnelles que sont l’agriculture, l’ensemble tourisme-loisirs-culture, l’artisanat ou l’habitat, ces nouvelles thématiques apparaissent notamment plus à l’interface avec le développement urbain (circuits courts, navettes domicile-travail), dans un contexte d’inégalités de capacité à agir de certains territoires ruraux dépérissant ou dépourvus de ressources (humaines, financières). De fait, le développement rural est aussi travaillé par la prise en compte de la transversalité, présentée comme nécessaire pour accompagner la transition écologique. Alors que ce vocable de transition devient désormais un incontournable des discours contemporains, que signifie la notion de développement (rural) ? qu’est-ce agir sur un territoire rural quand la notion même de développement est remise en cause ? Mais a contrario le rural n’offre-t-il pas un terrain de choix pour repenser le développement ? Corrélativement, comment s’ajustent les temporalités courtes (du quotidien), moyennes (du projet) et longues (de la prospective) dans le développement rural, au vu de l’horizon flou de la transition ?
- Au-delà de cette transformation tendancielle du sens et de la nature du développement rural se pose la question de ses modalités et acteurs. La professionnalisation et l’institutionnalisation du développement rural se traduisent par une importance croissante de l’ingénierie (notamment financière) comme principe organisateur des pratiques et des collectivités locales (de plus en plus grandes) comme employeurs. On constate aussi la multiplication d’initiatives de la société civile qui offrent également des emplois et font évoluer les référentiels. Quelles formes prennent les signaux faibles ou demandes émergentes autour de l’éducation populaire et de la démocratie (comme modalités minoritaires/alternatives) et des acteurs non publics ? Notamment, quel est le rôle, souvent silencieux, des acteurs privés (individuels ou en société) dans le développement rural ? Quelles méthodes et cadres employer pour analyser ces acteurs qui évitent l’exposition publique ainsi que l’ampleur et le rôle de leurs actions ?
- L’étude du développement rural s’appuie en effet souvent sur des travaux non pas seulement de recherche fondamentale, mais largement en lien avec les acteurs, que ce soit dans le cadre de contrats, d’expertises, de recherches partenariales (action/création), ou bien d’encadrement d’étudiant·es (en stage, alternance, atelier ou projet tuteuré). Cette dimension questionne les particularités en termes de circulations de pratiques, personnes et connaissances qui participent à définir le développement rural comme sphère d’action autonome et transformatrice des territoires et sociétés. Quelle place prend la recherche action dans nos métiers de chercheurs ? Avec quels acteurs et sous quelles formes ? Quelles sont les nouvelles modalités de transfert de la recherche ? Quelles dimensions la recherche sur le développement rural sur- ou sous-étudie t-elle ? Comment le développement rural se construit-il de manière différenciée dans l’espace selon les trajectoires territoriales, les traditions nationales ? A l’heure de tous ces changements, comment nos formations professionnalisantes évoluent-elles ?