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Sara Benjelloun est Docteure en science politique. Sa thèse a porté sur la diplomatie migratoire du Maroc. Consultante, enseignante et chercheure associée au Laboratoire PACTE, elle s’intéresse aux questions liées aux migrations, aux droits de l'homme et aux relations euro-méditerranéennes.
Cette thèse s'intéresse à la politique migratoire du Maroc. En mobilisant les outils d'analyse des politiques publiques, des politiques étrangères et des relations internationales, il s'agit de montrer dans quelle mesure les différentes politiques marocaines à l'égard des migrations répondent davantage à des considérations géopolitiques qu'à des préoccupations internes et comment celles-ci sont construites de manière à soutenir la politique étrangère du Maroc. Une attention particulière est consacrée à la politique d'immigration et d'asile initiée en septembre 2013 qui marque un tournant majeur dans la conception que se fait le Maroc des migrations, de lui-même et de son rôle en la matière. Celle-ci traduit en effet le changement de profil migratoire revendiqué par les autorités : le Maroc se conçoit désormais comme pays d'immigration et de destination et non plus seulement de transit et d'émigration. Ce nouveau positionnement s'est accompagné par l'annonce de larges mesures visant l'accueil et l'intégration effective des étrangers en situation irrégulière qui ont jusque-là été considérés comme des menaces et gérés de manière exclusivement sécuritaire. L'évolution récente de la politique marocaine à l'égard de l'immigration reflète le passage d'un agenda réactif principalement guidé par l'UE à une réponse beaucoup plus proactive et réfléchie en adéquation avec les priorités internationales du Maroc, notamment avec sa volonté à constituer une puissance structurelle en Afrique, à approfondir ses relations avec l'UE et enfin à s'imposer en médiateur régional, continental et mondial dans les différents système de gouvernement des migrations auxquels il appartient. Cependant, la conduite de cette diplomatie des migrations est fragile puisqu'elle tente de faire tenir ensemble des intérêts difficilement compatibles. Tout au long des chapitres de cette thèse, il s'agira donc d'identifier les stratégies et les contres-conduites menées par le Maroc dans la mise en œuvre de cette politique. Il s'agira également de montrer dans quelle mesure la migration est perçue et utilisée par les acteurs marocains en tant que ressource économique mais aussi et surtout politique. Ce travail interroge les politiques publiques destinées à des « clients » étrangers et apporte une contribution à l'étude de la formation des politiques migratoires dites « ouvertes ».