L’enjeu de cette thèse en science politique est d’analyser les évolutions des modes de régulation de l’enseignement supérieur à l’aune des politiques chilienne et colombienne d’assurance qualité dans l’enseignement supérieur. Alors que ces politiques sont structurées autour d’instruments analogues et sont déployées dans des contextes de privatisation et marchandisation fortes, elles mobilisent pourtant des approches contrastées de la qualité (flexible au Chili contre d’excellence en Colombie) et sont actuellement confrontées à des scénarios radicalement différents (crise et réforme au Chili contre critique modérée et ajustements en Colombie). Afin d’expliquer les contrastes entre les deux cas – où il devrait y avoir plus similitudes que de différences selon la littérature spécialisée –, la thèse analyse la trajectoire des deux politiques publiques entre 1990 et 2018. En combinant la littérature sur l’action programmatique avec des notions provenant des travaux sur l’instrumentation de l’action publique et des publications s’inscrivant dans le néo-institutionnalisme historique, cette recherche propose une analyse causale et temporelle de la trajectoire des deux politiques en trois grandes séquences : l’appropriation (1990-1998), l’expansion (1998-2010) et la contestation de l’assurance qualité (2010-2018). Au travers l’étude de ces trois séquences, nous montrons que les contrastes entre les deux politiques dépendent des trois grands facteurs explicatifs : le contenu du programme original d’action publique sur lequel les politiques étaient basées ; l’évolution suivie par ces programmes au cours des négociations autour de la création de nouveaux instruments d’assurance qualité ; les effets de l’évolution des programmes sur le fonctionnement de l’assurance qualité dans un contexte de critique de la néolibéralisation de l’enseignement supérieur.