Mes travaux de recherche portent sur les logiques et dynamiques des relations de voisinage au cours du vieillissement. Les relations ordinaires de voisinage, répondent à trois principales règles : la reconnaissance de l’autre, la préservation de soi et la réciprocité des échanges (Mantovani et al., 2002). Au fil du vieillissement, il arrive que les relations ordinaires se transforment en relations de solidarité entre les personnes vieillissantes et leurs voisins. La compréhension de ce processus de transformation a été au cœur de mon travail de Master 2 sciences sociales (parcours Vieillissement Sociétés Technologies) à l'Université Grenoble Alpes. Je me suis particulièrement intéressée à ce qu’il advenait des relations de voisinage des vieilles personnes à mobilité réduite, sans famille ou éloignée géographiquement, vivant dans un habitat ordinaire. La recherche a mis en évidence deux clefs d’analyse des sociabilités solidaires de voisinage qui se mettent en œuvre avec l’apparition de la fragilité et de la dépendance : l’amitié entre la personne âgée et ses voisins et son ancrage territorial.
Dans la lignée du travail précédent, mon projet de thèse s'intéresse aux personnes vieillissantes qui choisissent de quitter leur habitat ordinaire pour vieillir, avec d'autres retraités, au sein d'un habitat participatif. Ces habitats présentent un caractère particulier par rapport à l'habitat ordinaire puisque leurs projets reposent sur la solidarité entre les habitants. Valeur très forte, défendue par les fondateurs de ces habitats, elle suppose l'entraide entre les habitants et la mutualisation des biens et des services. Vieillir dans ces habitats implique alors de s'engager à soutenir ses plus proches voisins et à recevoir soi-même des soutiens de leur part. Dans ce type d'habitat les sociabilités solidaires de voisinage apparaissent a priori comme contraintes et non plus sélectives contrairement à l'habitat ordinaire. Dans ce contexte, cette étude vise à comprendre comment se recomposent les sociabilités de voisinage des retraités demeurant dans un tel habitat. Elle interroge également les ressorts des trajectoires résidentielles, les multiples dimensions de l’habitat : frontières, chez soi, environnement, intimité… et les pratiques de sociabilité. Au niveau méthodologique, je privilégie l'approche qualitative et comparative entre plusieurs habitats avec deux principales techniques : l'observation et l'entretien semi-directif. Enfin, l'étude a pour objectifs de cerner et d'analyser les pratiques, les formes et la nature des sociabilités au niveau individuel et collectif, de mesurer l'impact des projets d’habitats participatifs sur les pratiques de sociabilités, d'identifier les enjeux des différents acteurs (habitants, parenté, voisins, pouvoirs publics…) qui gravitent autour de ce type d'habitat, d'enrichir la connaissance sur les sociabilités de voisinage dans l'avancée en âge.