La haute montagne est un milieu particulièrement exposé aux changements climatiques et sociétaux, notamment à travers l’activité touristique qu’elle suscite. On observe aujourd’hui un réel engouement pour les sports de montagne hors station, avec par exemple la pratique du ski de randonnée l’hiver, ou les randonnées de haute montagne l’été. C’est ainsi qu’un repositionnement s’opère entre la montagne aménagée (stations de ski) et la montagne peu aménagée. C’est sur cette dernière que se focalise le programme de recherche HutObsTour. Prenant appui sur le refuge comme observatoire mais également comme objet de recherche, il interroge les dynamiques observables de la haute montagne, avec pour terrains de recherche les Alpes françaises (massifs des Ecrins et du Mont-Blanc) et suisses (Valais).
Premiers témoins des transitions touristiques et acteurs de la gestion de ce milieu, les professionnel‧les de la montagne peu aménagée sont au cœur de ce travail de recherche. Ainsi, inscrite dans ce programme, ma thèse s’intéresse aux métiers impliqués dans les fonctions d’accueil et d’accompagnement touristique gravitant autour du refuge. Mes recherches portent ainsi sur les processus de construction des cultures professionnelles de la haute montagne. Comment se construisent ces identités professionnelles ? Comment s’articulent-elles ? Quelles en sont les pratiques ? Quelles sont les interactions entre les différents métiers ? Comment s’adaptent-ils, en tant que groupes professionnels, aux nouveaux enjeux de la montagne ?
En partant de l’hypothèse émise par Jean-Pierre Bozonnet selon laquelle l’imaginaire est « une clé essentielle pour comprendre les attitudes vis-à-vis de la montagne »[1], une première perspective de ce travail sera d’étudier les liens entre les imaginaires et les cultures professionnelles. En effet, les mythes autour du milieu montagnard sont nombreux et structurent un imaginaire en constante évolution, que les êtres humains projettent sur ce milieu. Ainsi, si les pratiques de la haute montagne sont en mutation, s’intéresser à l’imaginaire permet de dégager une échelle de compréhension nouvelle, globale, des liens entre les changements climatiques et sociétaux et les métiers de la haute montagne. J’aimerai donc me focaliser sur les évolutions de cet imaginaire et son impact sur les cultures professionnelles de la montagne peu aménagée.
[1] Jean-Paul Bozonnet, Des monts et des mythes: l’imaginaire social de la montagne, Grenoble, Presses universitaires de Grenoble, 1992, p. 6.