MANON PESLE

Maîtresse de conférences - Chercheure associée
Portrait de peslem
Affiliation : 
Autre
Statut : 
Chercheuse associée
Non permanent.e
Domaines de recherche : 
Actions publiques
Équipe de recherche : 

Onglet(s)

Présentation

Manon Pesle est maîtresse de conférences en sciences de l'éducation à l'université Jean Monnet de St-Etienne et chercheure associée au laboratoire PACTE. Politiste et sociologue, ses recherches portent sur le domaine de l'éducation en dehors de l'école et particulièrement dans les collectivités territoriales et les associations d'éducation populaire. Ces recherches s'intéressent aux processus sociaux de production, de légitimation, de circulation, de politisation, d'apprentissage et les usages des savoirs et des règles qui ont cours dans les administrations et institutions publiques. La focale porte particulièrement sur le travail des cadres intermédiaires impliqués dans le fonctionnement et la régulation des politiques publiques et des administrations, ainsi que sur les propriétés et trajectoires sociales de ces acteurs. Elle s'intéresse également aux instruments et dispositifs, tant techniques que normatifs, par lesquels sont assurées la régulation, la coordination et l’adaptation de l’action sociale. Le travail de recherche porte sur la manière dont les acteurs s'inscrivent plus généralement dans les institutions et la manière dont ils le vivent socialement dans des situations concrètes d'action. Ce travail de recherche relève de l'analyse des inégalités sociales, permettant d'analyser la manière dont la société pense et organise les rapports entre les individus et les structures sociales. Son approche s'appuie principalement sur l'ethnographie et les entretiens, qui permettent d'analyser l'action publique à partir des acteurs et de leurs propres expériences situées. Cette approche implique également une réflexion sur l'épistémologie et particulièrement sur la place du chercheur vis-à-vis de son objet et de ses terrains de recherche.

Titre de la thèse : 
La petite fabrique de l'action éducative. Ethnographie métropolitaine
Dates : 
août, 2011 - juin, 2016
Directeur.s / Directrice.s : 
Résumé de la thèse : 

La thèse s'inscrit dans les travaux récents portant sur la territorialisation de l'action publique, en s'intéressant particulièrement à la fabrique d'une politique publique à l'échelon métropolitain. Son objectif est d'analyser la fabrique quotidienne de la politique éducative développée par la communauté d'agglomération Grenoble Alpes métropole dans les quartiers défavorisés de l'agglomération. En s'appuyant sur l'approche cognitive et la sociologie des institutions, elle questionne les cadres cognitifs à l’œuvre, par l'observation des acteurs qui administrent, organisent et représentent l'action. L'innovation principale de la thèse réside dans son approche ethnographique et inductive, à partir d'une immersion permise par une convention industrielle de formation à la recherche (CIFRE) à l'intérieur de l'institution métropolitaine. On en retiendra trois principaux axes.

D'abord, la recherche montre que ce qui détermine l'action éducative de la communauté d'agglomération est contenu dans la fabrique et l'organisation quotidiennes de l'action publique. Cette organisation quotidienne est marquée par des principes d'action gestionnaires, qui constituent un usage singulier du nouveau management public. L'analyse révèle que ces principes d'action instituent une vision du monde portée et contrainte par l'institution métropolitaine, où deux matrices cognitives se développent : l'une individuelle et l'autre techniciste. Ces matrices irriguent l'institution, mais aussi les relations éducatives entre les professionnels, les parents et les enfants. L'individu, qu'il soit agent métropolitain ou parent d'un enfant en difficulté, est conduit à se responsabiliser face à son quotidien et à sa situation. La matrice techniciste s'ancre dans une idée de la modernité et du progrès, elle prône la croyance en l'outil dans l'efficacité et la performance.

Ensuite, la thèse éclaire le processus de politisation. Une vision du monde est portée et véhicule des valeurs morales et politiques. Cependant, puisque l'action est principalement centrée sur le fonctionnement d'instruments d'action publique, l'action politique est invisibilisée. Le pouvoir politique métropolitain polycentré et son leadership fondé sur la fonction de médiation ne parviennent pas à requalifier les enjeux techniques en enjeux politiques.

Enfin, la thèse apporte un éclairage sur l'identité métropolitaine et montre l'absence d'auto-réflexivité de l'institution. Si l'action est politisée et dotée d'outils, l'institution métropolitaine ne parvient pas à penser son action dans l'environnement local et à construire un projet éducatif politique et légitimé.