Je m'intéresse aux territorialités dans des situations complexes de multi appartenance ou multi spatialités. J'ai travaillé ainsi sur les coopérations transfrontalières, les villes en réseau ou les relations villes-montagne. Cette problématique me conduit actuellement à l'analyse des relations entre mobilité et territoires, sous deux entrées principales. La première examine le rapport au territoire des individus mobiles : construction d'habitabilité, entre-deux, représentations, etc. La seconde, dans le cadre du programme de recherche ASTUS, analyse la relation urbanisme/réseaux et la mise en place d'un aménagement de l'espace orienté par la mobilité : outils, représentations, stratégies d'acteurs. L'une et l'autre privilégient les espaces des périphéries métropolitaines, faiblement structurés et équipés. L'approche est individualiste et pragmatiste, avec des objets tels que les pratiques, les identifications spatiales, les stratégies et les modes d'habiter. Ce travail sur les articulations/relations entre territoires et entre spatialités mène à une tentative de conceptualisation au travers des notions de territorialité-mobile et de liminalité. La territorialité-mobile (cf bibliographie) rend compte des liens entre l’organisation, le vécu, la spatialité de la mobilité, et des logiques ressortissant de la fixité : proximités résidentielles, fonctions des lieux de destination et d’origine, solidarités, proximités. Elle conduit à donner substance et sens aux déplacements, faisant l’hypothèse qu’ils « font territoire », tout en montrant que la mobilité n’est pas hors sol, et ne se réalise qu’en lien avec des relations, vécus ou ancrages territoriaux. La liminalité peut être entendue en tant que catégorie recouvrant les espaces de passage, de transition, et de l’entre-deux, et conduit à considérer les limites et les différenciations entre territoires, dans leurs significations, leur occupation et leur morphologie. Elle représente de ce point de vue une notion heuristique pour analyser les lieux intermédiaires dans leur territorialité propre. En tant que processus, le concept met en relation un changement d’espace et un changement d’identité. Il institue l'espace en actant, utilisé pour gérer ou signifier un changement qui est social. Enfin, en tant que notion anthropologique, la liminalité amène à observer les personnes, dans leur vécu, leur position sociale, leurs actes ou leurs interactions. Le rapport entre espaces n’est pas d’ordre institutionnel ou fonctionnel, il est appréhendé au travers de l’individu engagé dans un processus transitionnel. Le concept de liminalité est donc particulièrement précieux pour le géographe, puisqu’il vise à saisir comment la relation entre espaces définit les objets qu’elle associe et à rendre compte d’un double mouvement avec des catégories spatiales qui peuvent être tout à la fois dissociées (dans les valeurs données) et liées (dans les pratiques). Territoriaité-mobile et liminalité ouvrent ainsi des pistes pour une géographie relationnelle.
Mes fonctions de coordinatrice scientifique du programme PIA LabEx innovation et territoires de montagne me portent par ailleurs à privilégier les régions de montagne, et notamment les espaces alpins, pour lesquels la relation ville-montagne est transformée par l de nouvelels recompositions territoriales : métropolisation ou stratgéie macro-régionale.