Diplômée de Science Po Grenoble et licenciée en philosophie, Monia Haddad a réalisé, dans le cadre du Master « Politiques publiques et changement social » spécialité Sciences de gouvernement comparées, un mémoire de recherche sur la diffusion des Humanités numériques dans le monde académique français. C’est lors de son stage de recherche au Centre Paul-Albert Février, spécialisé en études antiques, en première année de master qu'elle s'est intéressée à l’organisation de la recherche, et plus particulièrement à l’émergence des Humanités numériques dans ce contexte.
Son projet de thèse vise ainsi à examiner dans quelle mesure les Humanités numériques modifient, voire subvertissent les manières de travailler, de s’associer, d’être évalué et de faire carrière des individus dans des mondes académiques caractérisés, notamment depuis les années 1990, par une dualisation du marché académique, ou encore l’autonomisation des universités. Si l’émergence des HN s’accompagne de « non-conférences », les Humanities and Technology camps (THATCamps) sur le modèle des Barcamps Hacker, de la parution de Manifestes, comme le "Manifeste des DH 2.0" par Jeffrey Schnapp et Todd Presner en 2009 aux Etats-Unis, ou encore le "Manifeste des Digital Humanities" français paru en 2010, lesquels énoncent des valeurs telles la solidarité, l’ouverture, le travail collaboratif ou le libre accès- l’objectif est de voir comment ces variables contextuelles jouent un rôle dans la conduite des projets en Humanités numériques, autant que dans les logiques d’investissement des acteurs.
Ce projet de thèse trouve un environnement particulièrement propice au sein de l’équipe Régulations du laboratoire Pacte puisque celle-ci est très présente sur l’étude des modalités sociales de production de la connaissance scientifique d’une part et sur les évolutions des mondes sociaux sous l’effet de l’innovation numérique et de la flexibilisation du travail d’autre part.