A partir d’un questionnement empirique sur la cohérence du projet urbain stéphanois, porté par les services de la Ville de Saint-Etienne, la thèse de doctorat explore les conditions d’exercice de l’urbanisme réflexif au travers des ajustements qui s’opèrent entre la vision prospective du territoire, les stratégies urbaines et les opérations d’aménagement mises en oeuvre.
Dans le contexte actuel marqué par des mutations économiques, environnementales, spatiales et institutionnelles importantes, la Ville de Saint-Etienne s’interroge sur la cohérence de son projet urbain. A l’image de nombreux territoires, signe de l’actualité de cette réflexion, la collectivité stéphanoise engage une réflexion sur la coordination d’acteurs et d’opérations composant son projet de territoire.
Cette recherche repose sur l’exploration de deux concepts majeurs :
- la notion de cohérence d’une part, marquée par son omniprésence dans les sciences du territoire mais dont la mobilisation reste complexe notamment quant à son évaluation,
- et le projet urbain d’autre part : concept polysémique et multiscalaire, prenant une acception spécifique et englobante sur le territoire stéphanois comme projet de ville articulant les échelles de projet : du projet d’agglomération aux opérations d’aménagement et actions ponctuelles de la ville ordinaire.
L’analyse de terrain met en exergue les particularités du projet urbain stéphanois : une fragilité importante du territoire, une gouvernance atypique marquée par la présence de l’Etablissement Public d’Aménagement de Saint-Etienne et une configuration de grands projets en mosaïque en particulier sur l’hypercentre stéphanois.
Prenant appui sur l’analyse des effets de fragmentation et de concurrence observés sur le territoire et sur une série d’entretiens réalisés auprès des acteurs publics de l’aménagement stéphanois, la thèse vise à démontrer que la proéminence de la question de cohérence du projet urbain stéphanois relève en réalité, dans une perception dynamique de la ville en mouvement, des ajustements qui s’opèrent entre la vision prospective du territoire, ses stratégies urbaines et ses opérations d’aménagement.
Cette recherche sous convention CIFRE vise également à expérimenter les outils et pratiques facilitant ces ajustements et ainsi, l’exercice d’un urbanisme réflexif à l’aide de la figure de l’urbaniste-ensemblier, de l’alimentation permanente d’un diagnostic territorial mouvant par l’observation, et de l’animation partenariale du projet urbain dans un contexte multiacteurs.