Portrait de jourdaiv
Affiliation : 
Université Grenoble Alpes
Statut : 
Doctorant
Non permanent.e
Domaines de recherche : 
Eco-conception
European Union
Sociologie des sciences
Sociologie économique
Équipe de recherche : 
Téléphone : 
0476820000

Onglet(s)

Présentation

Ma thèse, dirigée par Thomas Reverdy (PACTE) et co-dirigée par Peggy Zwolinsky (G-SCOP), est financéé par le CDP "CIRCULAR".

Elle porte sur Le changement institutionnel via la promotion du réemploi dans les filières à responsabilité élargie des producteurs.

L'économie circulaire est souvent désignée comme un nouveau "paradigme" politique (Blomsma & Brennan, 2017), qui viserait à réduire l'utilisation de ressources (matérielles et énergétiques) pour la production de biens et à favoriser la réutilisation des déchets (réemploi, recyclage, valorisation énergétique). Elle fait l'objet d'un investissement politique important depuis quelques années, aux niveaux français et européen. Les filières à responsabilité élargie des producteurs (REP) sont un des instruments (Lascoumes et le Galès, 2004) centraux des politiques d'économie circulaire. Elles consistent, en France, à créer des "éco-organismes" chargés de financer et de prendre en charge la collecte et le traitement des déchets d'un secteur particulier pour le compte des fabricants de ce secteur. Après 30 ans d'existence, cet instrument a montré des avantages mais aussi des limites. En particulier, de nombreux acteurs soulignent qu'il ne permettrait pas de réduire la consommation de ressources et la production de déchets, notamment car il finance et organise trop peu le réemploi et la réutilisation.

En trame de fond, l'Union Européenne promeut la logique de marché et de libre-concurrence dans de nombreux domaines politiques. La gestion des déchets n'y échappe pas (Verdure, 2013). Cependant, la poursuite d'objectifs de réemploi et de réutilisation, voire de prévention, nécessite la plupart du temps de suspendre ces logiques marchande et concurrentielle, afin de permettre à des activités non rentables, hors-marché, de se créer et de se maintenir.

A travers une approche par la sociologie économique, il s'agit de se demander comment sont construites de nouvelles "catégories" de valeur pour les déchets, autres que la stricte valeur monétaire des matériaux, et comment celles-ci orientent les politiques publiques d'économie circulaire et notamment les filières REP. L'action politique et les discours employés par les associations environnementales ainsi que les acteurs privés du réemploi sont étudiée à ce titre.

Dans un dialogue avec la sociologie de l'action publique et la théorie néo-institutionnaliste, je cherche également à comprendre comment, en retour, des éléments de cadrage plus larges, des "cultures industrielles" (Dobbin, 1994) ainsi que des instruments particuliers produisent des effets sur la problématisation du réemploi et de la réutilisation au sein des REP.

Deux axes de recherches sont déployés :

- Une analyse des processus décisionnels français à l'oeuvre lors de l'écriture des cahiers des charges des éco-organismes chargés de la gestion des déchets. Une attention particulière est portée ici aux dispositions favorisant le réemploi/la réutilisation dans les cahiers des charges.

- Une études des relations qu'entretient une structure publique de réemploi, le SMICVAL Market (Gironde) avec ses usagers. Une enquête auprès des usagers, couplée à des entretiens qualitatifs, vise à mettre en lumière les enjeux de cadrages de la question du réemploi sur une structure institutionnelle locale.