L’Observatoire des non-recours aux droits et aux services (Odenore) est né d’une recherche exploratoire sur le « non-recours aux services de l'Etat » qui constatait un manque de connaissances sur ce phénomène et d’outils pour l’observer. Labellisé en 2002 par l’ex DATAR, Odenore a été officiellement créé en mars 2003 comme dispositif de recherche du laboratoire de sciences sociales PACTE, du CNRS.
Installé à la Maison des Sciences de l’Homme-Alpes depuis l’origine, l’Odenore y anime actuellement l’axe scientifique « Réception des politiques par les publics ». L’Observatoire participe également au pilotage de deux axes du Cross Disciplinary Program (CDP) « Life » de l’Université Grenoble-Alpes (UGA) et est co-proteur de l'axe "Vieillisement, Santé, Territoires, Trajectoires" de la SFR Santé Société.
Au fil de ses travaux, l’Odenore a œuvré pour faire de son objet - le non-recours -, une grille d’analyse à part entière des politiques sanitaires et sociales ; cet effort s’est notamment traduit par la construction d’une typologie du non-recours et de ses enjeux pour les destinataires et pour l’action publique. En l'occurrence, alors que les travaux anglo-saxons et scandinaves précurseurs ont adressé la question du non-recours principalement dans le champ des prestations sociales, les chercheurs de l’Odenore ont choisi de travailler leur objet à la fois dans le champ des politiques sociales et de santé. D’une part, la volonté d’analyser les politiques publiques du point de vue de leurs destinataires amenait logiquement à constater que les personnes concernées par l’action sanitaire et sociale étaient en grande partie les mêmes. D’autre part, les premiers travaux sur le non-recours conduits par l’Odenore montraient que le phénomène se nourrit de certains cloisonnements et frontières entre les mondes sanitaire et social.
En s’intéressant conjointement à la réception des politiques sociales et de santé, l’Odenore éclaire, tout à la fois, les reconfigurations des solidarités et des prises en charge sanitaires, en France, et en saisit les conséquences croisées en termes d’inclusion, mais également de citoyenneté.
D’un point de vue méthodologique, la conviction de l’Odenore est que la recherche sur le non-recours, et sur des phénomènes comparables, ne peut se faire qu’avec les acteurs des politiques publiques, dont leurs destinataires effectifs ou potentiels. L’Odenore a ainsi développé un rapport particulier aux acteurs sanitaires et sociaux, en les impliquant tant dans la construction des travaux de recherche que dans leur conduite et leur valorisation. Au local notamment, l’Odenore anime une réflexion sur la question du non-recours et de ses enjeux pour le territoire, au travers notamment des Jeudis de l’Odenore. L’équipe travaille aussi à associer à son activité les publics de l’action sanitaire et sociale. Elle est ainsi impliquée dans différentes initiatives tel le collectif Soif de Connaissances, associant des personnes concernées par le non-recours aux droits et aux soins à la mise en œuvre de travaux de recherche et à la réalisation de formations auprès de professionnels du social et de la santé. L’Odenore participe en outre à la réflexion épistémologique et méthodologique sur les recherches participatives et collaboratives en lien avec des équipes du CNRS, le CNAM de Paris, dans le cadre d’un dispositif placé sous l’égide de l’INSHS du CNRS.
L'Odenore a développé des collaborations de recherche à l'étranger, par exemple avec des chercheurs des Hautes écoles genevoises en travail social et de santé (HeTS et HedS), des CHU de Genève et Lausanne, du Centre de recherche de Montréal sur les inégalités sociales et les discriminations (CREMIS), d’Amsterdam, de Budapest et, plus récemment, de l’Université de Bologne.
