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Soutenance thèse / Justice sociale
On November 29, 2024
Sciences Po Grenoble - UGA - Salle Quermonne

La construction de la figure du réfugié par les récits migratoires : une fabrique de vies errantes.
Dans un contexte où le récit migratoire ainsi que les vécus des demandeurs d’asile sont remis en question lors des entretiens OFPRA, la figure du migrant s’effrite et se dilue dans les discours politiques et médiatiques dépeignant plutôt une figure caricaturée du réfugié, en ignorant les vrais enjeux de leurs parcours. Ainsi, « l’investissement de l’asile par les acteurs du Champ politique et médiatique participe à son ennoblissement, qui fonctionne en retour comme un des plus sûrs instruments au service de sa restriction » (AKOKA, 2020 : 311). Ce qui entraîne le plus souvent des effets pervers ; comme celui de considérer la demande d’asile comme un problème à résoudre au détriment d’une valeur à défendre conformément à la législation et aux différentes conventions ratifiées par la France. Cette façon d’agir fait qu’on ne croit plus aux expériences douloureuses pour lesquelles ces requérants demandent l’asile à la France. Cela, par conséquent, les dépossède de la légitimité de se définir comme étant réfugiés, car leurs parcours et expériences sont soumises aux jugements d’autrui. Ils sont donc obligés de reconstruire ce parcours à travers un récit dans lequel ils défendent cette expérience.
Cette thèse constitue un condensé de ces récits à travers lesquels j’ai procédé par une ethnographie des parcours de vie pour interpréter cette remise en question de violence vécue par les requérants comme une négation à caractère discriminatoire de l’altérité. Ainsi, j’ai montré à travers une auto-analyse, la manière dont l’accueil du demandeur d’asile et du réfugié, tel qu’il se déploie actuellement dans les espaces administratif, politique, juridique et social, s’inscrit dans une logique de tri et de rejet de l’autre. J’ai ensuite traité la problématique de la perception du réfugié qui n’est plus cet individu ayant besoin d’être protégé, mais plutôt un potentiel suspect à surveiller et à juger, tels que le décrivaient Carolina Kobelinsky et Didier Fassin, dans « Comment, on juge l’asile. L’institution comme agent moral » (2012).
Enfin, cette étude questionne la manière dont ces représentations entraînent des effets délétères et violents non seulement sur ces individus, mais aussi sur les conditions d’accueil mises en place. En effet, l’étude décrit objectivement les mécanismes participant à la transformation de ces lieux en espaces d’attente et d’errance. Ainsi, à l’image de ces conditions, le réfugié n’est plus ce qu’il est censé être, un sujet à protéger, mais plutôt, comme l’a souligné Agamben, un sujet pour lequel la vie est capturée et abandonnée et qui n’a d’autres fonctions politiques que le dévoilement au théoricien du dispositif de la souveraineté, c’est-à-dire de la souveraineté comme « mécanisme de distribution de la négligence ». En bref, cette étude montre ces mécanismes d’assujettissement des demandeurs d’asile rendus légitimes par les pouvoirs publics.
Mots clés : récits de vies, parcours migratoires, figure du migrant, identité, réfugiés, démande d’asile, précarité, errance
Composition du jury
Emmanuel JOVELIN, Professeur des universités, CNAM de lorraine
Jean- Yves DARTIGUENAVE, professeur des universités, universités Rennes 2
Christina DELBIAGGIO, Maîtresse de conférence, universités Grenoble Alpes
Mamadou Gando BARRY, Maître de conférences, Université Général Lansana conté De sonfonia Conakry.
Thèse co-dirigée par Ewa BOGALSKA-MARTIN, Professeur émérite à l'Université Grenoble Alpes et Anne Laure AMILHAT SZARY, Professeur des universités à l'université Grenoble Alpes
Date
14h
Localisation
Sciences Po Grenoble - UGA - Salle Quermonne
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