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Les gagnants peuvent-ils être de mauvais perdants ?

Séminaires et ateliers / Gouvernance

On February 6, 2024

Sciences Po Grenoble - UGA - Salle Quermonne

Photo de Sebastian Voortman: https://www.pexels.com/fr-fr/photo/deux-pieces-d-echecs-en-argent-sur-surface-blanche-411207/

Stéphanie Abrial et Florent Frasque

La défiance politique, en France et en Europe, a longtemps été considérée comme un symptôme de la crise démocratique (Bedock 2017; Mounk 2018), caractérisée par la polarisation croissante entre ceux qui sont satisfaits du système politique actuel et ceux qui s’avouent désabusés par la démocratie. Le mécanisme bien documenté des sore losers (inter. al. Blais & al. 2017) a été utilisé pour expliquer les variations d’un winner-loser gap en termes de satisfaction démocratique après les périodes électorales (Anderson & al. 2005), en soulignant que les partisans des candidats perdants se déclarent plus déçus après les élections. Cependant, après l'élection présidentielle française de 2022, nous détectons dans notre enquête quantitative une tendance de certains gagnants à se comporter comme des mauvais perdants. Plutôt que le signe d'une aggravation de la crise démocratique, il nous semble – peut-être contre-intuitivement - que cette situation met en lumière une forme d’insatisfaction croissante et de déception à l'égard de la démocratie, qui révèle en réalité un phénomène différent : l'amélioration et la sophistication des exigences démocratiques de certains citoyens.

Par une approche mixte, notre communication vise à discuter l'interprétation de la défiance politique comme preuve du déclin des aspirations démocratiques des citoyens. Des entretiens qualitatifs semi-structurés ont été menés avec des citoyens français pendant la campagne électorale, ce qui nous a permis de documenter les souhaits de certains citoyens concernant des formes complexes d'interactions avec leurs représentants élus, qui mélangent à la fois la proximité et l'autorité, ainsi que diverses articulations des attentes démocratiques (instrumentales, procédurales et symboliques). Nous concluons qu’une façon d'expliquer pourquoi certains partisans d’Emmanuel Macron, candidat gagnant, peuvent se comporter comme des mauvais perdants et se déclarer moins satisfaits de la démocratie après - et malgré - leur victoire électorale, est de comprendre la variété des attentes de ces électeurs. L'analyse des données sociodémographiques des répondants à l'enquête quantitative et les entretiens qualitatifs indiquent en effet que la déception démocratique à la suite des élections n'est pas seulement due aux résultats. Par conséquent, nous appelons à réfléchir de manière plus fine à ce mécanisme des mauvais perdants, afin qu’il tienne compte d'une conception plus large des attentes des citoyens.

Date

On February 6, 2024
Complément date

12h30-13h30

Localisation

Sciences Po Grenoble - UGA - Salle Quermonne

Submitted on December 10, 2024

Updated on December 10, 2024