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(in)justices patrimoniales ? Analyse croisée "d’oublié·es" de la patrimonialisation à partir de deux enquêtes

Séminaires et ateliers / Environnements, Régulations

On April 15, 2025

Institut d'Urbanisme et de Géographie Alpine

Photo de Luis Quintero: https://www.pexels.com/fr-fr/photo/photo-du-robinet-gris-2339722/

Avec Aurélie Condevaux (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, IREST-EIREST)

Cette communication présentera un bilan transversal de recherches menées au cours des dernières années et susceptibles d’être approfondies dans le cadre d’une demande de délégation à Pacte. La première est un travail de recherche-action autour du patrimoine de l’irrigation que je coordonne au sein de l’EIREST depuis 2023 avec Francesca Cominelli (MCF en économie, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne). Ces techniques d’irrigation reposent sur des réseaux de canaux creusés dans la terre, permettant à l’eau de circuler par gravité en vue de servir des besoins d’irrigation d’agriculteurs ou de jardiniers. Le projet vise à accompagner des acteurs désireux de rejoindre l’inscription de « L'irrigation traditionnelle : connaissance, technique et organisation » à la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l'UNESCO. La seconde, qui sera évoquée plus succinctement, est une enquête menée entre 2020 et 2023 sur des « visites en ligne », qui ont connu un engouement avec la pandémie de la Covid19. Bien qu’en apparence très différents, ces deux objets permettent d’aborder les mécanismes de sélection et de hiérarchisation patrimoniale, et les formes d’invisibilisation voire d’injustice sociale que celles-ci entraînent. Les processus patrimoniaux, en tant que re-sémantisation qui reflètent des valeurs de classe, sont connus de longue date pour être des outils de la reproduction sociale (Aguilar, 1982). Ils sont susceptibles d’exclure les « individus qui a priori ne disposent pas du capital culturel et social pour dire le patrimoine » (Bondaz, Isnart et Leblon, 2012 : 11). Comme le soulignent Bondaz et al., opposer des acteurs institutionnels hégémoniques et des acteurs minorisés voire invisibilisés ne suffit toutefois pas à rendre compte des dynamiques patrimoniales à l’œuvre. Le cas de l’irrigation gravitaire permet de saisir ce qui se joue en termes de marginalisations possibles au sein d’un projet pensé pour donner accès à la reconnaissance patrimoniale à des acteurs qui en étaient d’abord exclus. Le cas des visites en ligne montre quant à lui la pesanteur des « dispositifs » (Gavillet, 2010) - en l’occurrence celui des plateformes numériques - dans lesquels agissent des acteurs qui voudraient valoriser « leur patrimoine », mais n’y parviennent que partiellement du fait de la relative invisibilisation qu’ils subissent par l’effet de facteurs multiples (systèmes de rémunération, algorithmes etc.).


Aurélie Condevaux est Maîtresse de conférence en anthropologie à Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, IREST-EIREST.

 

Partenaires

Références

Aguilar Yves, 1982, « La chartreuse de Mirande. Le monument historique, produit d'un classement de classe », Actes de la recherche en sciences sociales. Vol. 42. Classements scolaires et classement social. pp. 76-85.

Bondaz Julien, Isnart Cyril et Leblon Anaïs, 2012, « Au-delà du consensus patrimonial. résistances et usages contestataires du patrimoine », Civilisations, 61-1, Au-delà du consensus patrimonial, p. 9-22

Gavillet I., 2010, « Michel Foucault et le dispositif : questions sur l’usage galvaudé d’un concept », dans V. Appel (dir.), Les dispositifs d’information et de communication. Concepts, usages et objets, Louvain-la-Neuve, De Boeck Supérieur, p. 17-38. https://doi-org.ezpaarse.univ-paris1.fr/10.3917/dbu.masso.2010.01.0017

Date

On April 15, 2025
Complément date

12h30-14h

Localisation

Institut d'Urbanisme et de Géographie Alpine

Complément lieu

T305

Submitted on February 18, 2025

Updated on April 15, 2025