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Soutenance thèse / Justice sociale
On October 19, 2023
Paris
Cette thèse puise dans les épistémologies postcoloniales, décoloniales et féministes pour analyser les formes de la violence épistémique vécue par les personnes en demande d’asile et pour étudier les conditions d’une recherche transformatrice organisée au moyen d’un atelier radio. Parmi les formes multiples et enchevêtrées de violences que vivent les personnes venues chercher un refuge en France, la violence épistémique est peu étudiée ou peu prise en compte. Dans la procédure de demande d’asile, sa prise en charge et dans les rapports sociaux du quotidien, la parole de ces personnes est empêchée et leurs capacités de sachantes sont niées. Du fait de relations asymétriques ancrées dans des rapports de pouvoirs, les chercheur·es en sciences sociales peuvent reproduire des oppressions épistémiques et perpétuer des formes de domination. Etant donné que la reconnaissance de la parole est un enjeu essentiel dans la lutte contre les injustices épistémiques, j’ai mis en place, avec Karine Gatelier, un atelier radio avec des personnes ayant fait une demande d’asile en France. Cette activité, menée sous la forme d’une action de recherche portée par l’association Modus Operandi, avait pour ambition d’organiser les conditions d’émergence de leur prise de parole et de transformer les relations des étranger·es subalternisé·es et des établi·es et de produire des savoirs avec elles. Cette thèse analyse cette expérimentation méthodologique conduite à Grenoble entre 2017 et 2022. Elle étudie la construction de différents espaces permettant de favoriser la parole, de partager et élaborer des analyses, de fabriquer des récits collectifs et de créer les conditions de l’écoute de personnes établies. La radio permet de mettre en œuvre des fonctionnements ritualisés, des jeux de positions, de fabriquer des narrations oppositionnelles polyphoniques et de faire circuler la parole. L’intrication de ces dimensions et l’articulation des espaces de parole sur le long-terme a pu conduire à ce que les participant·es de l’atelier soient considéré·es comme des sachant·es et qu’iels puissent partager leurs critiques, c’est-à-dire une parole politique, auprès de personnes privilégiées dans les rapports sociaux. Cette action de recherche contribue ainsi au renouvellement épistémologique dans le champ des recherches participatives radicales. Dans une approche préfigurative, elle montre que la construction de savoirs situées depuis la perspective de personnes marginalisées par des politiques migratoires racistes et colonialistes est un moyen de faire entendre des voix réduites au silence et de contribuer à la justice épistémique.
Composition du jury
Jane Freedman, Professeure, Université Paris 8, directrice
Cristina Del Biaggio, Maîtresse de conférences, Université Grenoble Alpes, co-encadrante
Cécile Canut, Professeure, Université de Paris
Émilie Da Lage, Professeure, Université de Lille
Baptiste Godrie, Professeur, Univeristé de Sherbrooke
Kirsten Koop, Maîtresse de conférences, Université Grenoble Alpes et présidente de Modus Operandi
Pour celles et ceux qui ne pourront pas se déplacer, il est possible d’y assister à distance si vous le souhaitez. Veuillez contacter Séréna pour recevoir le lien : serena.naudinumrpacte.fr (serena[dot]naudin[at]umrpacte[dot]fr).
Date
14h
Localisation
Paris
Salle des Conférences du site Pouchet
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