La démarche transition à Pacte

En novembre 2021, Laurence Dumoulin, directrice du laboratoire nouvellement élue, définit 5 axes stratégiques pour son mandat dont un qui vise à “réfléchir aux impacts environnementaux des pratiques du laboratoire”. 

Début 2022, le laboratoire se dote d’une commission “transition” portée par des membres du conseil d’unité et qui se compose d’une douzaine de membres issus de la direction, de membres du conseil d’unité (CU) et de personnels du laboratoire volontaires dont de nombreuses doctorantes. 

Cette commission engage les travaux suivants : 

• Réaliser une phase de diagnostic et d’analyse des pratiques du laboratoire, à travers la réalisation du BGES de l’unité en utilisant un certain nombre de données issues du système d’information du laboratoire.
• Faire du BGES le point de départ d’échanges avec les chercheur·e·s de l’unité via la réalisation d’un certain nombre d’entretiens semi-directifs.
• Contribuer à la construction d’une stratégie et d’une politique de laboratoire d’une part et à l’élaboration de principes acceptables et réalistes en termes de Développement Durable et de Responsabilité Sociétale pour les membres de Pacte d’autre part.
• Proposer des actions à engager notamment pour se mettre en ordre de marche pour l’éventuelle candidature à l’obtention du label DD&RS.

En parallèle de cette commission Thierry Bontems et Jean Adam, alors en stage de fin d’étude d’ingénieur, ont élaboré un outil de calcul du BGES et d’aide à la décision basé sur les données financières du laboratoire*. Cet outil appuyé sur une méthodologie novatrice a permis au laboratoire de se doter de ses bilans GES depuis 2016. Intégré à Cockpit, la version complète permet de travailler à l’analyse des données et des variations annuelles des émissions et d’avoir une compréhension assez fine des postes d’émissions. Une version allégée est à disposition sur l’intranet du laboratoire.

Dans le même temps, la commission s’est emparée de deux sujets. Tout d’abord la constitution d’une Charte Développement Durable ainsi qu’un document de politique générale contenant notamment la procédure de vote des futures mesures proposées par les membres du laboratoire. Ces deux documents ont été validé en octobre 2023 par un vote d’assemblé générale de l’unité avec plus de 95% de oui.

*  Thierry Bontems, Jean Adam. DU CALCUL DES BILAN GES À LA DÉFINITION D'UNE POLITIQUE DE TRANSITION DANS UNE UMR -LE CAS DU LABORATOIRE PACTE. 20ème école inter-organismes sur la qualité et la responsabilité sociétale en recherche et en enseignement supérieur, Association QUARES : Qualité et Responsabilité Sociétale en Recherche et Enseignement Supérieur, Sep 2022, Montpellier (34000), France. ⟨halshs-04301983⟩

L’accord de Paris signé par la France lors de la COP21 en 2016 vise à limiter le réchauffement climatique pour qu’il ne dépasse pas 2°C par rapport au niveau préindustriel. Le dernier rapport du Groupe d'experts Intergouvernemental sur l'Evolution du Climat (GIEC) nous alerte. Le climat s’est déjà réchauffé de 1,1°C et ce à cause des activités humaines émettrices de Gaz à effet de serre (GES). Cette évolution tend à nous exposer à des événements climatiques extrêmes plus violents et plus fréquents. 

Toujours d’après le GIEC, il est possible de contenir ce réchauffement en réduisant rapidement nos émissions de GES et en atteignant rapidement la neutralité carbone. 

C’est dans ce contexte que la France inscrit dans la loi en 2019 la nécessité "d’accélérer la mise en œuvre de l’Accord de Paris en fixant pour cap l’atteinte de la neutralité carbone dès 2050 pour le territoire français”. La Stratégie Nationale Bas-Carbone (SNBC) détaille la stratégie à adopter pour atteindre cet objectif et établit une trajectoire.

Statutairement, les Unités Mixtes de Recherche comme Pacte n’ont pas d'existence juridique. De fait, aucune obligation ne contraint le laboratoire à réaliser son Bilan Gaz à Effet de Serre (BGES). En revanche, ces unités bénéficient d’une grande autonomie et au vu de la taille et de l’influence d’une UMR comme Pacte, il est néanmoins pertinent de s'intéresser à ces émissions à l'échelle du laboratoire. D’une part, les actions menées par la direction peuvent permettre une réduction, d’autre part, les tutelles vont s’appuyer sur leurs unités afin de mettre en place des actions au niveau le plus fin. Les tutelles incitent fortement les unités à rentrer dans cette démarche de transition « en commençant par mesurer l’impact environnemental de ses activités scientifiques […] Ce que nous souhaitons, c’est une prise de conscience globale et nous incitons fortement les laboratoires à s’approprier cet outil et à en analyser les résultats pour prendre des décisions locales. », détaille Alain Schuhl, directeur général délégué à la science du CNRS.  Le Schéma directeur Responsabilité Sociale et Environnementale (RSE) de l’Université Grenoble Alpes note également l’importance du calcul du BGES à l’échelle d’un laboratoire. La 4ème rencontres RSE de l’université du 28 juin 2022 destinée entre autres aux directeur·rice·s d’unités avait pour objectif d’engager l’ensemble des laboratoires de l’université dans cette réflexion.

Une partie de la communauté scientifique est très engagée dans la réflexion de son impact, de nombreuses initiatives fleurissent. Souvent portées initialement par quelques membres sensibilisés dans un laboratoire, elles se diffusent largement une fois la direction pleinement impliquée.

De manière générale, elles se composent principalement de :

• Un calcul des émissions du laboratoire
•  Une enquête auprès du personnel pour mesurer la prise de conscience vis-à-vis des enjeux environnementaux
• La constitution d’un groupe de réflexion et/ou la nomination d'un référent
• La soumission d’une charte ou manifeste
• Des ateliers de sensibilisation 

Cette mise en mouvement donne également lieu à la création de collectifs interlaboratoires, locaux ou nationaux, permettant une transmission d’informations entre tous les acteurs de l’ESR.