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Soutenance thèse / Régulations
Le 3 février 2026
Grenoble INP - UGA
Déployer l'intelligence artificielle dans l'industrie du semiconducteur : propagation de promesses, pratiques de conception et reconfigurations du travail
Intéressées par les innovations récentes dans le domaine de l'intelligence artificielle (IA), les organisations industrielles cherchent à exploiter leurs potentialités pour améliorer la qualité et la quantité de leur production. Au-delà des récits grandiloquents qui circulent aujourd'hui sur l'objet sociologique protéiforme qu'est l'IA, l'ambition de cette thèse est d'aller investiguer pourquoi et comment, en pratique, les systèmes d'IA sont intégrés aux organisations industrielles. Pour ce faire, elle enquête d'abord sur les motivations socio-économiques des promoteurs de ces technologies, au travers de l'examen des promesses qui portent sur l'IA. Au lieu d'être simplement émises par les promoteurs des technologies et reçues par des adoptants potentiels, ces promesses sont reformulées et réinterprétées par les acteurs des entreprises dans lesquels elles se diffusent, afin de soutenir les projets de changement technologique. Basée sur une étude ethnographique menée entre 2022 et 2023 dans l'industrie du semi-conducteur, la thèse décrit ensuite le travail à l'oeuvre dans un projet de déploiement d'un système de traitement d'image pour le contrôle qualité. Elle montre comment ces projets mobilisent un important travail des savoirs, entre tâches conceptuelles d'élaboration de catégories et tâches d'annotation plus rébarbatives. Tout au long de ce processus qui s'inscrit sur la durée, les futurs usagers du système sont largement exclus de cette conception. La thèse montre que le dispositif n'est pas nourri des savoirs existants, qui seraient traduits dans la machine : ces savoirs sont reconstruits collectivement à l'occasion du processus de conception. Ils embarquent avec eux une certaine vision de l'organisation du travail de la qualité. Cette recherche cherche enfin à décrire avec finesse le travail au sein de l'univers particulier de la salle blanche dans un contexte d'automatisation déjà poussée, où grande complexité technique se conjugue avec forte incertitude. La thèse montre comment déploiement de l'IA s'inscrit dans une prescription du travail croissante. Celle-ci est perçue comme une menace pour les processus d'apprentissage des techniciens, qui tentent de maintenir informellement leur autonomie. Malgré un important dispositif de médiation technologique, l'existence d'un cloisonnement spatial, socio-économique et organisationnel entre salariés des bureaux et de la salle blanche contribue à une méconnaissance du travail d'autrui et à l'impossibilité d'une pleine coopération.
Composition du jury
Yann FERGUSON · Docteur en sciences, Inria, associé au Certop (Université Toulouse 2)
Thierry MENISSIER · Professeur des universités, Université Grenoble-Alpes
Thomas REVERDY · Professeur des universités, Université Grenoble-Alpes
Gwenaële ROT · Professeure des universités, Sciences Po, Centre de sociologie des organisations CNRS
Véronique STEYER · Professeure, Ecole polytechnique
Pascal UGHETTO · Professeur des universités, Université Gustave Eiffel
Dominique VINCK · Professeur des universités émérite, Université de Lausanne
Thèse co-dirigée par Thomas REVERDY et Thierry MENISSIER.
Date
14h
Localisation
Grenoble INP - UGA
Amphithéâtre Barbillon
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