Engagée depuis 2010 dans l'accompagnement de personnes exilées, en tant que bénévole d'association et en solidarité avec leurs luttes, Karine Gatelier étudie les modalités de la présence des exilés dans la société française. Pour mener cette recherche, l'immersion auprès de ces personnes est privilégiée, en multipliant les positions à leurs côtés pour éviter la posture de l'extraction d'informations du chercheur et celle d'aide du travailleur social. Le partage des luttes, notamment dans la défense des droits, est une position mise en œuvre.
L'idée d'une ethnographie de la citoyenneté à partir des pratiques des exilés traverse les actions de recherche mises en œuvre : ateliers de co-construction de la connaissance sur la procédure d'asile dans le cadre de la réforme de l'asile en France (2014-15) ; ateliers radiophoniques sur la ville (2016-17) ; participation à un enseignement sur l’État de droit en Afrique (2017).
Titulaire d’un doctorat en anthropologie sociale (EHESS, Paris), Karine Gatelier a conduit des recherches en Ouzbékistan, au Tadjikistan et au Kirghizstan (1998-2002) sur les questions d'identités, de loyauté et de légitimité politique, avec plus récemment, un travail sur les stratégies de légitimation des régimes autoritaires (2012).
Ses travaux sont menés dans le cadre de Modus Operandi, une association grenobloise consacrée à la recherche et à la formation sur une approche constructive des conflits qu'elle a co-fondée en 2006. L'association met en oeuvre des méthodes inclusives tournées vers l'action de recherche citoyenne ; elle propose des modules de formation à l'université, sur une plate-forme en ligne et en formation professionnelle; enfin, elle publie ses travaux et organise le débat autour de ses problématiques de travail en croisant les acteurs concernés.