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Atelier-vidéo : S'inscrire dans l'interstice

Séminaires et ateliers / Environnements, Atelier Vidéo

Le 7 décembre 2023

Grenoble

berger et troupeau
Photo de Gül Işık: https://www.pexels.com/fr-fr/photo/vue-arriere-photo-de-berger-marchant-son-troupeau-de-moutons-dans-le-champ-d-herbe-2452308/

L'Atelier-Vidéo vous donne rendez-vous à la Cinémathèque de Grenoble pour une nouvelle séance !

Sortant de Polytechnique, Eudes a choisi le métier de berger herbassier : sans ferme ni terrains, il fait appel à la bonne volonté et à l’intérêt partagé de particuliers ou communes afin de faire pâturer ses 250 brebis. Aux imprévisibles aléas climatiques (sécheresse, incendies, froid, …) s’additionnent les tensions liées à la coexistence entre différents vivants. Il doit composer avec la présence de prédateurs mais également intégrer ses chiens de protection dans un univers de plus en plus territorialisé et rarement conciliable avec les nouveaux modes de consommation des espaces naturels. Son système pastoral ultra-extensif est donc mis sous pression, fragile et engendre des dommages collatéraux communs à tous les métiers de l’agriculture : une surcharge de travail qui crée rapidement un sentiment d’isolement, une rupture familiale causée par un excès d’absences, un sentiment d’engrenage et une spirale de l’échec qui découle rapidement sur l’évocation du suicide.

Dix ans après avoir opéré la bascule, Eudes n’est plus dans l’illusion du “néorural”, comme il se qualifie lui-même. Il commence à acquérir un certain recul sur sa pratique et malgré les embûches, il reste persuadé d’être à sa place. Animé par un mélange de curiosité, de détermination et d’intuition, Eudes confronte ses idéaux aux réalités de terrain qui l’amène continuellement à s’adapter et à nuancer ses positions. Par l’expérience, il s’interroge sur la manière d’habiter la terre, questionne son rapport au vivant et cherche des réponses en évoluant aux interstices des espaces sauvages et cultivés, du monde paysan et de l’univers académique, des milieux sociaux entre ses camarades ingénieurs et ses collègues bergers.

Quelles convictions ont pu pousser ce jeune ingénieur, considéré comme élite de la France, voué à un “brillant avenir” ou tout au moins lucratif, à choisir un métier dit précaire en connaissance de cause ? A l’heure où buzze sur les réseaux sociaux l’appel de jeunes diplômés de grandes écoles à la création de nouveaux mythes, provoquant de grands remous chez leurs directeurs qui questionnent des discours sans actions, que raconte de notre époque ce choix qu’a fait Eudes ?

Sarah Bortolamiol est chargée de recherche en géographie au CNRS et travaille depuis plus de 10 ans sur les relations entre les humains et les non-humains dans différents contextes (milieux urbains/ruraux, protégés/non-protégés, tempérés/tropicaux, etc). Elle mobilise des approches quantitative, qualitative et interdisciplinaire pour répondre aux problématiques que rencontrent les acteurs et/ou les territoires sur lesquels elle travaille. Mobiliser la vidéo est une nouvelle pratique à la fois très stimulante et intimidante. Ce travail lui permet d’expérimenter d’autres manières de transmettre une histoire, qui la conduisent à pratiquer autrement que “d’habitude”, et à développer sa manière d’être aux autres et aux terrains.

Guillaume de la Forest Divonne a réalisé des études d’arts spécialisées dans la photo et le cinéma, durant lesquelles il a pu essayer différentes formes narratives et univers fictionnels et réfléchir à l’impact de l’image et les responsabilités éthiques qui en découlent. Il a réalisé des court-métrages de fiction dans lesquels il explore des questions liées au groupe et ses interactions, en s’appuyant sur la forme du huis-clos. En 2019, il fait une formation au cinéma documentaire aux ateliers Varan, afin de mettre en lumière les problématiques intimes des personnes qu’il filme. De là est né le film Cueille le jour, qui traite de la mémoire embrumée d’un homme de 95 ans, (son grand-père), qui, au cours de sa vie, documenta son quotidien. Depuis il s’intéresse à la transmission des savoirs, aux us et coutumes et à la relation de l’homme et son territoire (notamment à travers la question du pastoralisme).

Philippe de la Forest Divonne a une formation d’ingénieur (Centrale Marseille, 2017). Après 3 ans dans le conseil, il a décidé de démissionner en mai 2020 car son quotidien allait à l’encontre de ses valeurs. Très intéressé par les problématiques environnementales et les enjeux de la transition écologique et sociale, il a profité de mon temps libre pour se former sur ces sujets : en théorie comme en pratique (en faisant du woofing pour découvrir des modes de vie différents et apprendre auprès de ceux qui essayent la vie en collectif, “l’autosuffisance”, le maraîchage en permaculture ou encore l’éco-construction). En parallèle, il a rejoint plusieurs associations pour vulgariser les rapports scientifiques et sensibiliser différents publics (grand public, étudiants, élus, entreprises) aux enjeux environnementaux (climats, biodiversité, ressources limitées…). Il souhaite aujourd’hui diffuser au plus grand nombre les travaux scientifiques et les initiatives porteuses d’espoir pour tenter de faire bouger les lignes.

Date

Le 7 décembre 2023
Complément date

9h30-12h30

Localisation

Grenoble

Contact

olivier.labussiere [at] umrpacte.fr

Cycle de séminaire

Publié le 5 décembre 2023

Mis à jour le 19 juillet 2024