Que font les luttes écologistes à la protestation sociale ?

Comment les idées écologistes pénètrent ou non les acteurs politiques et sociaux et quels sont les arguments qu’ils mobilisent sur le moyen-terme ? Le travail de Persico (2014) a montré qu’un clivage opposant les écologistes aux productivistes existaient dans le paysage partisan français depuis les années 1960. Mais qu’en est-il pour les acteurs de la protestation sociale ? Un tel clivage peut-il être reconstruit hors de la sphère parlementaire et si oui, quels sont les discours utilisés ? Par ailleurs, si l’existence de ce clivage partisan a bel et bien été démontré pour la France et la Grande-Bretagne, son existence au Canada/Québec ne va pas de soi, les partis verts provinciaux étant soit extrêmement marginaux, soit inexistants. Comment s’exprime le conflit autour des enjeux écologistes en l’absence d’un parti politique dédié ? Et est-ce que cela a un impact sur la manière dont se déploie les discours des acteurs sociaux au moment de controverses environnementales ? Nous présenterons les résultats préliminaires de la phase 1 de la recherche, soit l’analyse systématique des discours tenus par les organisations participantes à des controverses environnementales entre 1980 et aujourd’hui (incluant l’analyse des programmes des partis politiques provinciaux en Colombie-Britannique et au Québec pour le Canada), ainsi que quelques intuitions de recherche liées au terrain français (Grand-Est et Rhônes-Alpes) réalisé auprès des acteurs sociaux dans trois secteurs : milieu syndical, milieu étudiant et défense des territoires.

Pascale Dufour est professeure au département de science politique de l’Université de Montréal, directrice du Centre de recherche sur les politiques et le développement social et professeure invitée à Sciences Po Grenoble de janvier à mars 2024.