Intelligence Collective : mythe ou réalité ? Enseignements de sa mise à l’épreuve par des collectifs d’acteurs

L’intelligence collective est aujourd’hui fréquemment évoquée dans les discours de responsables politiques, d’acteurs locaux, d’acteurs économiques ou de citoyens engagés. Même si cette notion ne date pas d’aujourd’hui, elle est fréquemment souhaitée devant le constat d’une complexification, réelle ou ressentie, du monde et de la difficulté pour les individus de l’appréhender. Concomitamment est soulevé le problème dans la vie publique  de la défiance des citoyens vis à vis des décideurs. Dans les organisations à caractère associatif la problématique est bien souvent aussi celle de la distanciation des adhérents par rapport à l’intérêt collectif. Dans les territoires, nombre d’acteurs se questionnent également sur la manière d’être en capacité de jouer un rôle, et au mieux d’influencer les politiques territoriales. Elle peut également faire débat entre ceux qui pourraient surestimer les possibilités qu’elle offre en la mystifiant, la réduisant à de simples méthodologies ou procédures et à des dimensions purement informationnelles ou organisationnelles.

Pour autant, par des processus comme par exemple les managements collaboratifs, la co-construction d’une compréhension de la complexité, il est permis de penser que l’intelligence collective puisse favoriser une plus forte transparence des processus décisionnels, une plus grande cohésion dans l’action, une plus grande adhésion aux objectifs. Mais est-ce vraiment d’intelligence collective que l’on parle dans tous les cas ? Si oui, comment peut-elle répondre aux attentes et à quelles attentes ? En d’autres termes, peut-elle donner aux acteurs les moyens de contribuer aux dynamiques territoriales par une montée en capacité collective pour influer sur ces trajectoires et y jouer un rôle ? Reconnaître l’intelligence collective est alors une manière de chercher à maîtriser un mode de réflexion, de travail et d’action en collectif.

 C’est, entre autres, à ces questions qu’a cherché à répondre l’équipe de chercheurs et d’acteurs du projet de recherche-action Sagacité. Six collectifs dans différents territoires de Rhône-Alpes, se sont engagés dans des dynamiques de changement avec l’objectif de le conduire avec intelligence collective. Par cette mise à l’épreuve l’objet était de chercher à mieux comprendre les conditions, les enjeux, et la « faisabilité » de sa mise en œuvre. A partir des enseignements et des résultats du projet, nous proposons des figures de ce qu’est peut-être l’intelligence collective dans des contextes territoriaux. Nous tentons également de définir des clés de lecture pouvant permettre de mieux identifier ce que l’on peut entendre par intelligence collective, aussi bien au plan conceptuel qu’opérationnel. En d’autres termes est-il possible de qualifier une démarche d’intelligence collective ?

Dans le  Programme Sur le Développement Régional (PSDR), le projet SAGACITE était intitulé “ Places, rôles et processus de l’intelligence collective dans l’innovation par rapport aux ressources naturelles, agricoles et forestières”. Il était coordonné par l’UMR PACTE et Cap Rural. Y ont contribué en tant que chercheurs : Agnès Bergeret, UMR PACTE ; Nicolas Buclet, UMR PACTE ; Sabine Girard, INRAE ; Éric Grasset, Laboratoire d’Etudes Rurales (EA 3728) ; Maud Hirczak, Université Aix-Marseille ; Claude Janin, UMR-PACTE ; Pierre-Antoine Landel, UMR-PACTE ; Dany Lapostolle, UMR THEMA ; Sophie Madelrieux, INRAE ; Marjolaine Monnier, UMR-PACTE ; Jean-Pierre Mounet, UMR-PACTE, Corentin Thermes, UMR-PACTE. Y ont contribué en tant qu’acteurs : réseau Cap Rural, ainsi que l’Association Vivre Bio en Roannais, le Parc Naturel Régional de Chartreuse, l’AFTALP, la Communauté de Communes du val de Drôme, SITADEL et l‘ex-CDDRA du Sud Isère."