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Soutenance HDR / Régulations
Le 11 mars 2024
Anatomie du goût footballistique. Sociologie des appropriations d’une pratique culturelle « populaire »
Les sports jouaient un rôle non négligeable dans le portrait fait des styles de vie dans La Distinction, mais elles occupent désormais une place assez marginale dans les discussions contemporaines sur la manière dont les pratiques « culturelles » participent à la définition des « bonnes manières » de vivre et sur les reconfigurations du capital culturel. L’analyse, d’un cas, celui du football, entend contribuer à réinscrire ces pratiques dans cette problématique d’ensemble.
En France, l’association symbolique du football au « populaire », et plus précisément à la virilité populaire, est puissante. Dans La Distinction par exemple, il trouvait sans ambiguïté sa place du côté des pratiques populaires, aussi bien comme pratique que comme spectacle. Ce codage dominant de l’activité s’est longtemps manifesté par des manifestations de mépris au sein de la bourgeoisie culturelle. Cette évidence est aujourd’hui questionnée tant la diffusion de ce sport apparaît massive, tant la production culturelle footballistique s’est diversifiée jusque dans ses secteurs les plus « savants », et tant la composition sociale du public des stades est socialement diversifiée. C’est à la compréhension de cette configuration des rapports au football et du brouillage symbolique qu’elle produit que s’attache ce travail. Après une première partie qui revient sur la place des activités sportives dans la sociologie des pratiques culturelles et des styles de vie, l’analyse se focalise sur les usages de ce sport durant l’enfance. Elle s’appuie sur le retraitement de matériaux produits dans des enquêtes antérieures. Ceux-ci révèlent combien ce sport occupe une place à part dans les activités enfantines, place qui en fait un enjeu récurrent de la régulation parentale des pratiques et sociabilités. L’approche de sa sociodémographie est complétée par l’analyse des rapports parentaux à cette activité et par celle de ses usages scolaires. On peut ainsi esquisser un espace social de ces rapports au football de club. L’analyse pointe notamment les limites de la norme à la diversification des expériences sportives, la tendance au rétrécissement de l’aire sociale de recrutement de la pratique, incarnée par le renforcement du lien privilégié entre cette pratique et les enfants issus de familles populaires, à mesure que l’âge (et les enjeux scolaires) s’accroît.
La deuxième partie du mémoire se penche sur le goût pour le spectacle footballistique. Elle montre comment, au-delà d’un dénominateur commun d’usage qui fait du match un moment de « relâchement des tensions », la croissance des formes de consommation de ce spectacle va de pair avec l’établissement de modes d’appropriation diversifiés, dont deux modalités sont analysées. La première s’inscrit dans un processus de légitimation culturelle que permettent de décrire l’analyse du traitement de ce sport dans un magazine culturel généraliste (Télérama), celle de l’émergence d’une presse spécialisée « alternative » et l’étude de son lectorat. La seconde prend la forme d’un anoblissement économique du spectacle qui désigne la montée en puissance d’espaces spécifiques dans les stades (« VIP »). Ces deux formes, qui engagent des manières socialement différenciées d’apprécier le spectacle, manifestent le déplacement des logiques distinctives au sein même de cet univers culturel et la concurrence existante dans la définition de la bonne manière d’être un amateur du jeu. C’est, au final, à un certain état d’une tripartition que donne accès le mémoire, entre ceux qui y engagent leur capital corporel, ceux qui le gèrent, et ceux qui le « parlent ».
Ce mémoire inédit est précédé de deux volumes. Le premier, intitulé « Socialisation, sport et classes : des virtuoses aux enfants » est un volume de synthèse qui présente mes travaux antérieurs, menés individuellement ou collectivement. Cette présentation est articulée autour de trois lignes directrices principales : elle souligne la place des terrains sportifs dans les enquêtées menées ; elle met en évidence comment ces terrains ont été investis sous l’angle de la socialisation ; elle met en lumière combien ces terrains sportifs constituent un observatoire de la production des hiérarchies sociales. Le second volume est constitué par une sélection de travaux publiés.
Composition du jury
Gilles BASTIN (rapporteur), PU Sociologie, Sciences Po Grenoble, Pacte
(UMR 5194)
Philippe COULANGEON (rapporteur), DR CNRS, CRIS (UMR 7049)
Muriel DARMON, DR CNRS Sociologie, CESSP (UMR 8209)
Christine MENNESSON, PU Sociologie, Sciences Po Toulouse, LASSP (EA 4175)
Mathias MILLET (rapporteur), PU Sociologie, Université de Poitiers,
GRESCO (UR 15075)
Manuel SCHOTTÉ (garant), PU Sociologie, Université de Lille, CLERSÉ
(UMR 8019)
Date
14h
Localisation
Université de Lille - Salle des conférences - bâtiment SH2, Faculté des sciences économiques, sociales et des territoires
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