L’atelier de projet en urbanisme : enjeux pédagogiques, enjeux disciplinaires

Séance organisée à l’initiative des doctorant·es de Villes et Territoires.

L’atelier de projet est aujourd’hui une forme spécifique d’enseignement dans les parcours en urbanisme. L’histoire, comme le devenir de ce format, peuvent être compris comme un indicateur de la façon dont ce champ disciplinaire s’est construit : depuis son apparition, influencée par le studio des écoles d’architecture, à son déclin des années 1960 généré par l’autonomisation de ce champ de la pensée architecturale et son inscription progressive dans le celle des SHS, jusqu’à son retour dans les années 1980, concomitant à des renouvellements pédagogiques internes et un intérêt nouveau de la part de la puissance publique pour des commandes auprès des universités (Scherrer et Bastin, 2019). Que nous révèle alors l’atelier d’urbanisme -ainsi que ces équivalents récents dans les formations de géographie et d’aménagement- sur la façon dont nous percevons ces champs au sein de l’université ?

La question des compétences transmises au cours de ces ateliers semble constituer un point d’accroche pour faire atterrir ce questionnement : qu’apprend-t-on aux étudiant-es et comment l’apprend-t-on ? S’agit-il de leur transmettre un processus type (proposer un diagnostic, accepter un travail de nature itérative, créer des objets de médiation, etc.), une manière « d’être en urbaniste » (rapport aux commanditaires, communiquer efficacement ses idées, travailler en groupes pluridisciplinaires, etc.), voire une pensée critique ou créative ? Les propositions de formalisation de ces compétences sont nombreuses, tant dans le cadre de réflexions théoriques sur le sujet (Scherrer et Bastin, 2019 ; Higgins et al., 2015), qu’à la suite de réflexions ou d’expérimentations menées au cours des ateliers eux-mêmes (Trotta-Brambilla, 2015 ; Huchette et al., 2018 ; Gomes et Bognon, 2018). Cette entrée par les compétences et la pédagogie nous fait entrevoir la façon dont l’urbanisme évolue au sein de l’université : la nature et l’articulation des savoirs et compétences identifiées comme utiles aux urbanistes de demain, notre rapport au monde extérieur (celui des habitant-es et des pouvoirs publics) ainsi que la pluridisciplinarité qui caractérise l’urbanisme et plus généralement les champs traitant du spatial et des interventions coordonnées sur celui-ci. En somme, l’atelier fait-il office de lieu permettant la mise en pratique créative de savoirs théoriques voire critiques ou, au contraire, révèle-t-il seulement la puissance d’un « agir de l’hyper-urbanisme » centré sur des compétences techniques, figeant la discipline une forme de « science de gouvernement » (Faburel, 2017) ?

Nous proposons ici d’offrir des pistes de réponses à ces questionnements à l’aune des trois interventions d’une quinzaine de minutes et d’un temps de table ronde :

• Une présentation théorique à base d’une brève revue de littérature qui reviendra sur l’historicité de ces questionnements et quelques tentatives de formalisation des compétences transmises lors des ateliers (Clément COMBETTES)
• Le témoignage de Marc HIGGIN, centré son appropriation des enjeux pédagogiques et de compétences dans l’atelier d’urbanisme (anthropologue Pacte-CRESSON, enseignant en atelier d’urbanisme à l’IUGA)
• Un retour sur le déroulement des ateliers d’urbanisme et une réflexion sur leurs spécificités et leurs enjeux vus par un enseignant en charge de leur organisation (Charles AMBROSINO)

Les éléments soulevés par ces interventions serviront de points de départ aux discussions qui prendront place lors de la table ronde. Nous vous attendons nombreux-ses pour partager vos retours d’expériences ainsi que vos questionnements quant à ce format et ce qu’il dit de notre rapport à un champ en constante évolution.