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Séminaires et ateliers / Environnements, Villes et territoires, Séminaire Villes et Territoires
Le 5 décembre 2025
Institut d'Urbanisme et de Géographie Alpine - Salle des actes
Avec Charles Ambrosino, Nicolas Tixier, Marjolaine Gros-Balthazard, Simeon Naydenov, Antoine Brochet
Présentation du projet par l'équipe.
À bien des égards, la plaine de Grenoble apparaît comme un laboratoire grandeur nature de l’anthropocène. De façon emblématique, les principes d’aménagement qui façonnent le site depuis la fin du XVIIe siècle offrent à l’observateur un condensé assez remarquable des formes multiples qu’a pu revêtir la domestication par l’homme des espaces (aquatiques) alpins. « Assécher la plaine » et « rendre l’eau disponible », deux imaginaires modernes fondés sur l’idée de progrès et de développement qui ont largement guidé localement l’ethos extractiviste. En l’espace de trois siècles, Grenoble passe ainsi du marécage au « polder » aménagé, puis au « château d’eau » réputé inépuisable. A grands renforts d’infrastructures hydrauliques (digues, fossés, chantournes et canaux) et de Large Technical Systems (LTS), la plaine inondable est protégée, asséchée et assainie, elle devient cultivable et habitable avant d’être totalement urbanisée.
A la fin du XIXème siècle, la ressource aquatique, jugée « abondante », est mise à disposition des industriels et des activités humaines, grâce au développement de grandes infrastructures de production et de captage dans les aquifères des rivières Drac et Romanche. L’eau est ainsi devenue « moderne », une eau abstraite, contrainte et entièrement mise au service du développement de la plaine grenobloise. Cet « ordre hydraulique » aura pour conséquence le déploiement d’un urbanisme LTS qui invisibilisera non seulement les milieux aquatiques du système valléen grenoblois (nappe, torrents, rivières, zones humides, etc.), mais également la matrice infrastructurelle nécessaire à la « bonne » gestion de l’ensemble des flux hydrologiques.
A l’heure des crises systémiques, de nouveaux imaginaires de l’eau émergent. Face à la menace de « pénurie », s’affirme l’idée qu’il faudrait « réhydrater la terre ». Il s’agit de chercher à surmonter les associations binaires et statiques, comme celle de la terre et de l’eau par exemple, afin de pouvoir mieux faire face à l’incertitude et aux processus socio-écologiques complexes qui mêlent les écoulements d’eau, les sédiments, les vivants non humains, l’agriculture, la ville et les habitants. L’agglomération grenobloise est particulièrement soumise aux effets de ces crises socionaturelles, avec un réchauffement climatique deux à quatre fois plus rapide dans les alpes, et une intensification marquée des extrêmes de sécheresse et d’inondation.
Comment, dans ces conditions, réhydrater une plaine poldérisée dont les infrastructures héritées matérialisent le partage entre terre et eau, et visent l’assèchement ? Comment saisir le parcours, les usages et le partage de l’eau, et ainsi révéler l’empreinte géographique et matérielle de ce système métabolique ? Comment représenter, penser et agir avec ce « territoire cyborg » à la fois organique et machine ? Autant d’interrogations auxquelles les chercheuses et les chercheurs engagés dans le programme POPSU Transitions « Grenoble XXI. Retrouver les voi(es)x de l’eau » s’emploient à apporter des réponses tout en développant des méthodes et des enquêtes pluridisciplinaires originales et co-construites avec les acteurs du territoire.
Date
14h-16h
Localisation
Institut d'Urbanisme et de Géographie Alpine - Salle des actes
Cycle de séminaire
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