Produire et maintenir des données médicales au CHU : (dé-)valorisation d’un travail invisible

À rebours des promesses technoscientifiques qui considèrent les données de santés comme des ressources dont l’origine et la création sont impensées, Laurène Assailly propose au contraire de définir ces données comme le fruit d’un travail situé, imbriquées dans le contexte sociotechnique de leur production.  Elle s’appuie sur un terrain ethnographique dans un CHU pour analyser le travail nécessaire aux données hospitalières, l’écologie matérielle et les pratiques dans lesquelles elles sont produites et inscrites, ainsi que les enjeux médicaux et politiques de ces processus. L’espace principal de l’enquête est le Département d’Information Médicale (DIM), une unité médicale (on y trouve surtout des médecins et infirmières) mais non clinique (aucun patient n’y est pris en charge).

La présentation apporte des éléments de réponses aux questions suivantes : dans quelle infrastructure sociotechnique sont produites, utilisées et maintenues les données médicales d’un CHU ? Qui est chargé de ce travail des données ? Pourquoi relève-t-il de professionnel·les de santé et que font ces soignant·es qui ne soignent pas ?

Laurène présentera d’abord le travail des données médicales hospitalières, au travers quelques tâches concrètes et nécessaires au fonctionnement de l’hôpital. Elle analysera ensuite les propriétés sociales des membres du DIM et la construction d’un rôle de soignant·es des données en support des clinicien·nes. On verra finalement comment ces acteurs étendent la juridiction de la profession médicale et jouent sur des hiérarchies hospitalières.