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Justice Sociale

Décentrements épistémologiques, approches critiques et explorations méthodologiques

Présentation

L’équipe travaille les questions de justice sociale en privilégiant un positionnement de décentrement et des postures réflexives attentives aux processus de domination induits par les théories et méthodologies dites classiques en sciences sociales. Ces approches se matérialisent dans une attention particulière portée aux échanges entre disciplines scientifiques et avec les acteur·ices de la cité et des territoires ; dans une prédilection pour des cadres théoriques critiques ; dans des méthodologies plurielles et expérimentales ; enfin, dans des démarches collaboratives, participatives, voire co-construites. L’ensemble de ces positionnements appelle à un questionnement sur la place des chercheur·es qui peut se concrétiser par des travaux à visée transformative sur les inégalités socio-spatiales, et contribuer à la littérature scientifique (inter)nationale sur ces questions conceptuelles.

Ces décentrements se traduisent dans 5 axes inter/pluri/trandsiciplinaires. Les chercheur·es de l’équipe peuvent s’inscrire dans un ou plusieurs axes, ceux-ci n’étant pas exclusifs.

Cette équipe est dirigée par Thibauld Moulaert.

Voir la Liste des membres de l'équipe.

Axes de recherche

La question sans cesse reposée de savoir « qu’est-ce qu’une société juste » et, plus généralement, la « question sociale » s’imposent régulièrement à l’agenda social et politique. Ces questions sont fortement marquées par diverses formes de globalisation, dans un monde où le terme de « crise » et ce qu’il évoque de raréfaction des ressources, scandent la pensée et orient les différent·es acteur·ices (États, partis, collectifs militants, citoyen·nes, etc.). Ceux et celles-ci recomposent leurs positionnements, leurs rapports ainsi que ce qu’ils.elles identifient comme des « priorités » autour de référentiels plus ou moins partagés. De nombreux travaux de sciences sociales inscrits à l’échelle locale, nationale et internationale tentent de rendre compte de la complexité et de la diversité des logiques à l’œuvre. Ils tendent à mettre en lumière des phénomènes d’interaction, voire de négociation, entre des individus, des groupes sociaux et des États, en postulant que les politiques publiques sont moins le fruit d’une relation unidirectionnelle, d’une imposition de l’État vers la société civile, que le résultat d’effets de composition et de transactions complexes qui traversent l’ensemble des strates sociales. Ceux-ci s’appuient sur la sociologie de l’action publique, la science politique, la géographie sociale et culturelle, les études urbaines critiques, les gender ou critical studies, l’histoire politique et sociale des idées, soit autant de grilles de lecture qui se nourrissent mutuellement, y compris dans la controverse.

Dans cette perspective, l’équipe cherche à analyser les logiques politiques et sociales de (re)production des inégalités, vulnérabilités et exclusions sociales et/ou territoriales et la manière dont les politiques publiques participent d’une forme de régulation des rapports sociaux, transforment, voire participent à la (re)production de ces situations et co-produisent ainsi une interprétation de la justice sociale. L’équipe a également la volonté de questionner et d’intégrer aussi bien la place du ou de la chercheur·e dans cette production et sa transformation (positionnalité, réflexivité) que celle « des publics » (voir la Chaire « Publics des politiques sociales » : https://cpublics.hypotheses.org/), sans négliger les acteur·ices et dispositifs socio-techniques intermédiaires.

Il s’agit alors de décrire et d’analyser les conditions d’émergence des politiques publiques, les rapports de force, les dynamiques ascendantes (bottom up) et descendantes (top down), qui conduisent à la mise en forme de catégories, à la production de référentiels d’action et in fine à de nouveaux cadres idéologiques de l’action publique. Enfin, la production de normes de genre dans les politiques publiques, dans la structuration des espaces, dans le vécu et les imaginaires individuels, est particulièrement analysée et s’inscrit dans le champ de la reconnaissance du droit des femmes et des minorités en dévoilant à la fois la « voix » de nouveaux collectifs ainsi que les résistances à cette non-reconnaissance. 

Les membres de l’équipe s’intéressent aux frontières, aux migrations et à l’exil, comme aux croisements de ces différents objets de recherche. 

Les analyses menées s’appuient sur différents champs de recherche critique (critical border studies, critical migration studies, géopolitique critique, géographie radicale, cartographie critique, cartographie radicale, etc.) dans l’optique de réfléchir aux différentes formes, fonctions, lieux, politiques et acteur·ices de la frontière. La frontière est d’abord comprise comme un lieu géopolitique où s’appliquent différents processus de filtrage des flux de la mondialisation (de marchandises, d’individus, d’idées). Loin de l’image d’une simple ligne qui séparerait deux entités étatiques, la frontière est étudiée en tant que type d’espace et espace-temps où se nouent des processus d’ouverture/fermeture imbriqués, par lesquels sont observés des phénomènes liés au passage et à son contrôle.

Les membres de l’équipe étudient en particulier les questions d’accueil, d’hospitalité, d’enfermement, de violence et de mort·es aux frontières en les reliant aux questions d’exclusion et d’injustice sociale sur des critères de nationalité ou d’appartenances, en synergie avec l’axe 1 (Inégalités, vulnérabilités et politiques publiques). Indissociables de l’observation de ces « frontières sociales », les membres de l’équipe portent particulièrement attention à la manière dont la violence systémique des politiques migratoires envers les personnes exilées (notamment discriminées et/ou racisées) génère des violences épistémiques à l’origine de leur invisibilisation et/ou mise en silence. On aborde ainsi le contraste entre la mise en spectacle du discours de la fermeture des frontières et l’invisibilité d’un grand nombre de processus, notamment à travers les représentations artistiques.

Dans une posture réflexive par rapport aux rôles et responsabilités des sciences sociales, les méthodes privilégient la co-production de savoirs et représentations (pluri)situées de la frontière et de l’accueil -notamment par la carte sensible, la photographie, l’approche radio-, par des démarches de recherche-action et/ou recherche-création avec une variété d’acteur·ices, en particulier les personnes en migration précarisées, irrégularisées ou assignées à des formes de mise en mouvement/immobilité contraintes ; les associations de soutien de personnes exilées ; les décideur·es politiques à différentes échelles.

De nombreux travaux de recherche font état de la présence d’inégalités et d’injustices socio-environnementales et existentielles dans le champ des pratiques récréa-sportives en nature. Que ce soit à propos des habitant·es des espaces ruraux et montagnards, des cadres de vie et d’exercice des saisonniers et saisonnières touristiques, de la trajectoire des écosystèmes, de l’accès aux pratiques et aux espaces pour les publics issus de milieux populaires en ville ou pour celleux en situation de handicap, de l’exposition au risque d’accidents, bien des situations d’injustice sociale et spatiale sont observables. Les travaux de l’équipe étudient, par exemple, les inégalités dans les usages des dispositifs numériques et technologiques présents dans les pratiques récréatives. Ils observent aussi les effets de ces usages sur les espaces naturels de loisirs, en matière de compétences spatiales et d’impacts sur les environnements de pratique.
 
Au-delà des pratiques sectorielles d’intervention pour diminuer les injustices, se pose la question de la transition récréative pour répondre aux multiples vulnérabilités contemporaines qui menacent plus globalement les systèmes territoriaux et les modes de vie actuels. Dès lors, l’enjeu de ce collectif de recherche consiste à dévoiler les impasses des modèles de développement existants et de proposer des registres de transformation viables, vivables, désirables et pérennes. En particulier, nous cherchons à documenter « la dépendance au sentier » qui est observable de la part de toutes celles et ceux qui souhaitent maintenir les visions actuelles du monde touristique ainsi que celle liée au temps libre. Tout comme nous souhaitons étudier et accompagner les transformations en cours. Des travaux de recherche portent par exemple sur les expérimentations locales et les réorganisations professionnelles pour envisager d’autres formes de solidarité, de coopération et d’adaptation au changement climatique, d’autres visent à faciliter la construction collective et transnationale de chemins de transition pour assurer un futur viable et partagé aux territoires de montagne, particulièrement impactés par les effets du changement global, dont sa déclinaison climatique. Des usages sociaux des espaces récréatifs inédits sont en émergence pour repenser les relations avec les non-humains et les environnements de pratique. Au-delà de la réification des pratiques récréatives (souhaitées par certain·es), se déploient d’autres usages du temps libre que les sports et loisirs. Des métissages s’observent avec des activités traditionnelles (entretien des sentiers, chantiers ou modes de gestion participatifs des sites, cabanes, etc.) en lien avec des modes d’existence alternatifs à observer. 

Plus globalement, l’étude et le développement de communs récréatifs transitionnels se présentent comme une piste de recherche stimulante concernant l’approche politique des territoires sportifs. La perspective théorique souhaite engager une nouvelle façon de faire science. Une transition épistémique serait alors à activer dans l’intention de changer les relations entre la science et la société via l’attention portée aux Transition Studies, aux démarches participatives et à la recherche-action.

Cet axe porte sur l’espace habité comme cadre d’interaction entre la production politique et institutionnelle de l’urbain, la production ordinaire de l’espace par les usages et les formes d’action collective et des mouvements sociaux dans les territoires. L’histoire et les évolutions des théories et des pratiques de critique de la fabrique urbaine continuent à informer aujourd’hui la construction politique et les valeurs de la production urbaine comme terrain de luttes, de dominations, d’inégalités et de vulnérabilités, mais aussi de coopérations, de solidarités, d’engagements et d’alternatives.

Les travaux de l’équipe mettent ainsi en lumière des effets transformatifs dans le champ de l’urbanisme et des études urbaines et territoriales, résultant de la rencontre entre dispositifs institutionnels, politiques et acteurs publics, d’une part, et pratiques citoyennes et associatives, de l’autre. Ces convergences prennent des formes multiples, allant d’expérimentations autour de nouveaux dispositifs de transformation de la ville, d’initiative institutionnelle ou citoyenne, de formes d’appropriation collective des espaces, jusqu’aux contestations ou formulations de projets alternatifs.

Les transformations urbaines et la gestion partagée de la ville sont abordées à partir de catégories spécifiques de publics (enfants, jeunes, personnes âgées, femmes, etc.) et des politiques publiques qui croisent questions sociales et urbaines (comme le logement abordable, l’accès à l’habitat, ou la production de communs urbains). Le croisement de plusieurs disciplines des sciences sociales et de méthodes de recherche, et parfois les postures de recherche-action et de co-recherche, permettent aux membres de l’équipe de rendre compte des processus situés et de l’espace vécu, des récits et des imaginaires convoqués et/ou produits ainsi que d’analyser des systèmes de gouvernance et des formes d’engagement variées.

Les membres de l’équipe s’intéressent aussi à l’enseignement, à l’encadrement et aux enjeux pédagogiques dans l’enseignement supérieur. Cet axe s’est progressivement structuré sur la base d’échanges de pratiques au sein de l’équipe à partir de 2019-2020. Les questionnements portent aussi bien sur les contenus enseignés (que transmet-on, pour quoi, pour qui ?) que sur les dispositifs pédagogiques employés. Dans ce cadre, les recherches menées portent plus spécifiquement sur la transmission des savoirs géographiques dans le cadre des Master MEEF (Métiers de l’Éducation, de l’Enseignement et de la Formation), sur les pratiques de terrain et de stage, ou encore sur les enjeux pédagogiques de l’encadrement au niveau Master ou Doctorat. Comme dans les autres axes, celui-ci active des bibliographies internationales, issues des sphères anglophones mais aussi de la Southern Theory. Cet axe s’appuie aussi sur les pédagogies actives et critiques, inspirées entre autres de bell hooks ou Paulo Freire. Par-delà leurs apports théoriques, les recherches scientifiques menées dans ce domaine possèdent une visée transformative, dans la mesure où elles cherchent par exemple à introduire davantage d’horizontalité dans les pratiques d’enseignement et à identifier et réduire les rapports de domination qui peuvent s’exercer dans la pratique enseignante. 

Animation Scientifique

Quatre types d'activité structurent notre animation scientifique :

Les déjeuners de Justice sociale : Tous les mardis, l'équipe Justice sociale se réunit pour un moment de convivialité scientifique autour, alternativement, de discussions thématiques, discussions informelles, ou présentations. Vous y êtes les bienvenu·es ! Cela a lieu de 12h à14h, en salle T-305 de la Cité des Territoires.

L'Atelier d'écriture : l'équipe se retrouve aussi pour soutenir par le collectif les écritures (individuelles ou à plusieurs mains). 

Toutes les séances ont également lieu en salle T305 du bâtiment Territoires. Camille Vergnaud (camille.vergnaudatuniv-grenoble-alpes.fr (camille[dot]vergnaud[at]univ-grenoble-alpes[dot]fr)>) & Grégory Busquet (gregory.busquetatuniv-grenoble-alpes.fr (gregory[dot]busquet[at]univ-grenoble-alpes[dot]fr))

Le Séminaire mensuel : une fois par mois, une séance longue de 2 heures consacrée à la présentation d'une recherche mettant la Justice sociale en débats. La présentation est réalisée par un.e ou plusieurs membres de l'équipe ou par des chercheur.es invité.es. Chaque séance est discutée par un.e collègue. Plus d'information sur le séminaire et son calendrier complet : https://docs.google.com/document/d/1uK8SAzw0MQhINCiipBR8vPk3Y3IYhOdS/ed…

Des Journées scientifiques : elles réunissent deux fois par an l'équipe en résidentiel. Généralement, elles ont lieu à proximité de Grenoble en janvier et à la fin juin/début juillet, elles prennent place au campus rural de l'UGA à Pradel, le CERMOSEM

Photo Batiment ; "CARE" peint sur la façade

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La production sociale de l'espace au prisme du vieillissement : Un dialogue Franco-Allemand en faveur de nouvelles approches théoriques et de domaines de recherche

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Transitions to Sustainable Ski Tourism in the Alps of Tomorrow

Novembre 2022 - octobre 2025

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Cycles de séminaire

Publié le 20 février 2023

Mis à jour le 9 avril 2024